Politiquement correct... et (surtout) incorrect

Politiquement correct... et (surtout) incorrect

C'est l'histoire d'un mec (moi)...


... Et celle de RCM Basket. Ou l’inverse



 1. LA GENESE

Cette histoire a commencé il y a déjà longtemps. Si longtemps que la quasi-totalité des joueuses du RCM Basket d’aujourd’hui n’étaient même pas nées. Et que les plus jeunes des membres de l’actuel comité directeur n’avaient que quelques années.

C’était à la fin de l’été 85. Quelques semaines plus tôt, l’ASRCM Basket (tel était son nom à l’époque, un club unique regroupant les diverses disciplines pratiquées à Roquebrune Cap-Martin) avait réussi l’exploit d’obtenir le titre de championne de France de Nationale 2 et d’accéder à la Nationale 1 qui constituait alors le plus haut niveau national. Le professionnalisme n’existait pas encore… ou du moins n’avait pas encore été officialisé comme il le sera quelques années plus tard avec la création de une puis deux Ligues.
Cette irruption allait avoir – mais évidemment je ne le savais pas – une conséquence directe sur ma propre vie.
J’étais alors journaliste à l’agence de Menton de Nice-Matin et, si je m’occupais plus particulièrement de la rubrique de Roquebrune-Cap-Martin, je n’avais, je l’avoue, suivi que d’assez loin l’épopée des « demoiselles de Roquebrune » (ci-dessous la première équipe en NF1). 
Cette appellation avait été donnée aux joueuses roquebrunoises par Gisèle T., la correspondante locale de Nice-Matin, en référence aux fameuses « demoiselles de Clermont » qui avaient réussi à briller bien au-delà des frontières françaises. Et c’est cette personne assurait la quasi-totalité des écrits parus dans les colonnes du journal. Des écrits qui, le plus souvent, avaient nécessité une relecture permettant d’expurger quelques excès d’enthousiasme inhérents à une supportrice acharnée. Précisons toutefois que ces excès n’étaient rien en comparaison avec la totale mauvaise foi d’un autre correspondant oeuvrant sur le football à Menton et capable de quasiment transformer une sévère défaite en une victoire potentielle SI… S’ensuivait une litanie d’excuses toutes plus improbables les unes que les autres mais qui avaient au moins le mérite de nous mettre en joie.
Dans ce contexte, et à partir du moment où Roquebrune intégrait l’élite nationale, la direction du journal imposa la participation d’un journaliste professionnel. Ce ne pouvait être que moi… à ce petit détail près que mes connaissances en basket étaient assez limitées. « Et elles le sont toujours » ajouteront quelques perfides personnages qui ont tendance à penser que seule une joueuse ayant pratiqué à très haut niveau peut connaître la discipline. Eternel débat sur lequel je ne m’étendrai pas tant il est ridicule. 

Que faire dans ce cas ? La réponse était limpide. Le bureau en face du mien à l’agence de Menton était occupé par René qui, lui,  avait assidûment pratiqué le basket dans sa jeunesse et était capable de décrypter les finesses du jeu. Pour le coup, la « couverture » du basket à Roquebrune serait assurée non par un mais deux professionnels, René s’occupant de l’aspect technique, moi de tous les « à-côtés ».
Nous étions, je le rappelle, en 1985. Treize ans plus tard, après avoir quitté Nice-Matin,  nous rejoignions tous les deux le comité directeur présidé par Hubert Marti.
Jusqu’alors, et bien qu’impliqués dans la vie du club, fut-ce de manière indirecte par le biais de nos écrits, nous avions estimé que nous ne pouvions être juge et partie. Le journaliste devait conserver sa totale liberté d’expression, y compris s’il avait quelque chose de déplaisant à écrire. De fait, nous avions vécu, René et moi, quelques épisodes « chauds » de la vie du club au milieu des années 90. Il ne nous aurait guère été possible de les retranscrire dans le journal avec la double casquette de journaliste et de dirigeant.
En 2003, après le renoncement de mon ami Henri Allamandi élu l’année précédente, je prenais sa suite pour un bail qui s’est achevé en juin 2016.
1985-2016, cela fait trente et un ans au service du basket, un peu moins de la moitié de mon existence. Quand je vous disais que l’accession de Roquebrune à la NF1 avait changé ma vie !


2. René

J’ai avec René une histoire encore plus longue que celle du basket puisqu’elle a commencé… dans les années 60 ! Lui était – déjà – journaliste à Menton, moi qui suis un poil plus jeune débutais à Cannes. Nous nous sommes connus par l’intermédiaire d’un troisième journaliste qui a été mon professeur dans ce métier et qui, après avoir été à Cannes où je l’avais rencontré, avait été muté à Menton.
Et puis, en 1980, cela a été à mon tour d’arriver à Menton, « exilé » de la Principauté voisine où mes écrits sur le football avaient (fortement) déplu au principal dirigeant de l’époque à la tête de l’AS Monaco.
A l'agence de Menton à la fin des années 80, en compagnie du regretté Jean Bomy
Pendant près de vingt ans nous avons donc travaillé ensemble, dans des registres communs ou spécifiques comme la musique pour René qui était assurément  l’un des critiques les plus « pointus » de Nice-Matin. Ses écrits à propos notamment du Festival de Menton faisaient souvent référence. Et nous avons uni nos compétences pour « chanter » le basket roquebrunois, formant le plus improbable des duos, lui plutôt réservé, moi plutôt extraverti. J’emploie volontairement le mot duo car, d’une certaine façon, l’un n’allait pas sans l’autre. Au demeurant, les filles nous avaient trouvé quelques joyeux surnoms comme « Tic et Tac », « Titi et Grosminet », « Hansel et Gretel »… et peut-être d’autres que nous préférons ne pas savoir !
Au fil des ans, nous avions réussi à créer une telle complicité que nous étions capables, lors des réunions du comité directeur, de mener à bien de fausses disputes durant plusieurs minutes sur les sujets les plus divers.
Lorsque de légers… différends avec le corps arbitral m’ont valu quelques semaines de suspension, c’est René qui a pris le relais. Tout en douceur et retenue.
Il a été atteint par la lassitude quelques années avant moi. Le club y a beaucoup perdu, moi aussi.
j
Fin août 90, René relatait la visite des joueuses roquebrunoises à Cap Tonus, la salle de sport dont Jack Pillet était le propriétaire, dans le cadre de la préparation à une saison de NF1B sous la conduite de Bernard Magnin.


 3. Dédée et David

Les souvenirs que je garde de l’épopée roquebrunoise en NF1 sont, je l’avoue, assez flous. D’abord parce qu’ils commencent quand même à dater et qu’il s’est passé beaucoup de choses depuis. Ensuite parce que la connexion avec l’équipe a été relativement difficile à établir. Les filles ne nous connaissaient pas et nous ne pouvions connaitre que les joueuses, pas l’être humain qui se cache derrière la joueuse. Or, pour moi, l’un ne va pas sans l’autre. C’est d’ailleurs ce qui a rendu passionnante, par la suite, ma fonction de dirigeant auprès d’elles. Sans tomber dans la psychologie de bazar, il est bien certain que, bien souvent, la femme reste un mystère pour l’homme ! Et qu’il y avait souvent un grand delta entre la joueuse que nous côtoyions et la femme !
En fait, durant ces années, nous avons été plus proches des dirigeants de l’époque et de l’entraîneur. Je ferai quand même une petite exception pour la capitaine Dédée Périsi avec qui le lien était un peu plus facile parce qu’elle était l’aînée du groupe et donc plus proche en âge de moi et René.
Si elle est aujourd’hui – et depuis de nombreuses années - une dirigeante active du Cavigal,  notamment auprès des U13 Ligue entraînées par Christian David, son mentor de toujours, Dédée a  quand même un peu, beaucoup de jaune et rouge dans son cœur.
Voilà ce qu’elle écrivait sur son blog en 2012 : « Cet après-midi les Benjamines de "Coach Christian" rencontrent leurs homologues Roquebrunoises, dans cette Salle Valgelata, où j'ai joué pendant sept saisons, et ces saisons-là justement, sont restées pour moi les meilleures de ma "carrière" tant sur le plan sportif que relationnel ».
Physiquement, Dédée était le contre-exemple parfait de l’image que l’on se fait de la basketteuse, grande et élancée.
Elle-même le reconnait sans rechigner : « J'ai, tout au long de ma "carrière", cumulé deux handicaps : ma taille et mon poids. Mais ces handicaps, je les compensais par une grande vivacité, un bon sens du jeu collectif et de l'anticipation, une bonne adresse aux tirs extérieurs, et un bon mental.
J'ai arrêté de jouer au haut-niveau à l'âge de 37 ans, puis j'ai continué encore un dizaine d'années en Championnat régional ou départemental.
Durant toutes ces années de compétition j'ai connu plusieurs clubs mais c'est à Roquebrune que j'ai connu mes meilleures et plus exaltantes saisons".
Roquebrune où elle a joué un rôle essentiel dans la grande aventure roquebrunoise, apportant sa maîtrise technique et son expérience à un groupe très jeune qui gravissait les échelons à la vitesse de l’éclair. 
Elle a été, comme on dit, la bonne personne au bon moment. Son arrivée à Roquebrune lors de la saison 80/81 avec – déjà – Christian David (qui avait pris place sur le banc aux côtés de Paul Berio, l’un des cadres historiques du basket roquebrunois) permit de mettre l’équipe sur orbite. Invaincue en championnat régional, elle accédait pour la première fois à la NF3. Deux ans plus tard elle était championne de France de NF3 et montait donc à la NF2. Et l’année suivante atteignait la NF1 avec toujours le même « attelage » Christian sur le banc, Dédée capitaine sur le terrain. Ce sont des choses qui ne s’oublient pas !

Christian David, parlons-en un peu. Au même titre que les dirigeants « historiques » du club, son nom est à jamais associé à la grande aventure roquebrunoise. Lui le Niçois a été l’entraîneur qui a fait gravir les échelons de la gloire à son équipe et qui a été maintes fois appelé à son chevet par la suite lorsque ses successeurs faisaient faillite.
Comme Dédée, il n’avait pas vraiment le physique de l’emploi. Il compensait par sa passion, son sens tactique, sa dialectique… et un organe (vocal) à faire pâlir de jalousie le ténor le plus réputé. 
Et même s’il dépassait tout juste le nombril de ses plus grandes joueuses (enfin, un peu plus haut quand même !), aucune ne se serait permis de se rebiffer lorsque s’abattait sur elle une volée de mots pas vraiment doux… 
Trente ans après Christian est d’ailleurs le même avec ses petites U13 qu’il a maintes fois menées au titre de Ligue en leur imposant une discipline à côté de laquelle la rigueur des GI américains ressemblerait à une aimable colonie de vacances. 
Pour tout dire, j’ai souvent déploré la tendance de Christian à aller faire son « marché » dans les autres clubs – dont Roquebrune – pour bâtir des équipes quasiment invincibles. Mais c’est vrai qu’être entraîné par « Monsieur David » était l’argument choc pour convaincre les joueuses… et leurs parents. Dommage, finalement, que le Cavigal n'en ait pas mieux profité.
Bref, deux personnages au sens le plus noble du terme.
 

4. La déchirure

Courte dans le temps (cinq saisons + une avec entre les deux une relégation et une remontée immédiate), la saga roquebrunoise en NF1 a été marquée par l’incroyable « valse des entraîneurs » à laquelle on assista pendant plusieurs saisons. Grosso modo, on débutait une saison avec un coach et on la terminait avec un autre. Se succédèrent ainsi sur le banc David, Samper, David, Berti, Pallanca, David et Magnin !
Durant cette période, Christian David fut ainsi le Zorro du basket roquebrunois, reprenant le flambeau lorsqu’un de ses confrères était éjecté. Durant la saison 88/89, il fut même amené à diriger en même temps Roquebrune en NF1 et le Cavigal en NF3 !
Par la suite, d’ailleurs, pas mal d’autres coaches furent nommés puis éjectés (ou renoncèrent de leur propre chef) parmi lesquels Annie Charasse et Sacha Stanimirovitch. Coach était vraiment une situation très instable !
Il me reste aussi de cette époque glorieuse le souvenir d’un déplacement en Bourgogne. 
J’avais accepté l’invitation de Jean-Pierre Fasiolo avec départ en car le vendredi en soirée. Nous sommes arrivés sur place au cœur de la nuit, logés dans un hôtel situé en pleine campagne. Les filles qui avaient déjà dormi dans le car étaient en grande forme et on entendit un bon moment des cavalcades et des rires dans les couloirs ! Ce qui ne les empêcha pas de remporter un joli succès quelques heures plus tard.
Le cycle NF1 (A et B) s’est achevé sur une véritable débandade avec cette incroyable saison 1990/91 terminée « capot », 18 matches, 18 défaites. Inutile de préciser que René et moi ne savions plus quoi écrire même si René avait vécu quelques années plus tôt une expérience presque similaire avec les basketteurs mentonnais, ceux-ci évitant le capot grâce à… un match nul (qui existait encore).
Remontée en 1A une saison après avoir été reléguée, l’équipe roquebrunoise paraissait pourtant être, sur le papier, la plus forte jamais alignée avec une internationale française et deux internationales yougoslaves. Las, la première était manifestement venue « en vacances » avec une "surcharge pondérale" qui ne cessa de grandir au fil des semaines tandis que les deux autres étaient loin, très loin, d’une flatteuse réputation dont on apprendrait bien plus tard qu’elle était usurpée. Elles avaient effectivement été sélectionnées mais dans un groupe élargi à quelque 60 joueuses… et elles étaient plutôt vers la fin que le début de la liste !
Sept défaites consécutives d’entrée eurent raison de l’entraîneur Bernard Magnin et la saison s’acheva dans une ambiance plus que délétère conduisant le président Orengo à opter pour une double relégation. L’équipe repartirait en NF2 en zappant la NF1B où elle aurait pu jouer. C’était, théoriquement, pour pouvoir très vite remonter. De fait le ver (financier) était dans le fruit et trois joueuses majeures mirent même fin prématurément à leur saison. Un schéma qui ressemble étonnamment à celui de ces deux dernières saisons.
Car, malgré une indéniable réussite sportive, la saison de NF1 aura marqué le « commencement de la fin ».
Nous avions déjà beaucoup hésité – encore – en raison des incertitudes financières. Le gros problème est le décalage entre la mise en place d’une saison à partir du mois de juin (période des mutations) et le vote de la subvention qui n’intervient qu'au début de l'année suivante. On bâtit un budget en juin en se basant sur des rentrées d’argent… aléatoires et qui, dans le meilleur des cas, seront maintenues.Dans notre cas ce fut moins en dépit de toutes les promesses faites huit mois plus tôt.
En fait, dès l’annonce de la baisse de subvention, j’ai su que nous ne pourrions pas continuer en NF1.  De toute manière, y rester n’avait jamais été une priorité. Au moins pour les dirigeants. Car côté joueuses… Notre équipe est allée chercher le maintien au prix d’un véritable exploit.
Au demeurant, tous les pronostics sur le site de Basket Info nous citaient parmi les deux relégués. Les joueuses, elles, y croyaient. Et elles ont su se dépasser pour obtenir d’improbables victoires. Après chaque match, certaines avaient du mal à marcher et avaient besoin de deux jours au moins pour se remettre. Mais le samedi suivant elles remettaient « ça », avec toujours le même enthousiasme. Le club pouvait être fier d’elles. Je l’ai été.
Le renoncement à la NF1 a été pour elles un énorme choc. Un peu comme le peintre venant d’achever une toile et qui verrait celle-ci lacérée d’un coup de couteau.
L’équipe s’est complètement disloquée. Certaines nous ont quitté pour poursuivre à haut niveau dans un autre club ou pour des raisons professionnelles, d’autres à la suite d’une bisbille pour des raisons strictement personnelles.
Nous avons bâti un groupe autour de celles qui étaient restées (Barbara, Sarah, Marine F.) mais, quelque part, le cœur n’y était plus… comme il n’y avait pas été vingt ans plus tôt.
Le coach nous ayant lui aussi quitté, nous avons décidé de renouer avec le passé en faisant revenir Babette. C’était un choix logique compte tenu de l’empreinte qu’elle avait laissée au club avant de partir – assez fâchée – vers d’autres cieux où elle avait d’ailleurs brillé dans son rôle d’entraîneur. Mais c’était aussi faire un pari que l’on savait très risqué : faire cohabiter Babette et Barbara, deux (très) forts caractères qui, de surcroit, occupaient le même poste de meneuse. Avec en plus, au milieu, Sarah qui partage la vie de Barbara depuis plusieurs années et Sabine celle de Babette!
Nous avions espéré que le clash ne se produirait qu’au bout de quelques mois et que l’équipe serait, à ce moment, sauvée. Il est malheureusement arrivé très vite… via Sarah dès le deuxième match. Deux mois plus tard, Sarah et Barbara disparaissaient de nos radars, laissant notre équipe désemparée. Nos jeunes n’étaient pas suffisamment aguerries pour masquer la perte de nos deux meilleures joueuses. On connait la suite... qui nous ramène au présent.


5. Barbara
Un dicton latin dit qu’il n’y a jamais bien loin du Capitole à la roche tarpéienne. Dans l’histoire de RCM Basket, il a été vérifié deux fois.
La première survint au début des années 90. Le club qui avait tenu cinq ans en NF1A, avait été relégué au terme de la cinquième, était remonté la sixième et avait coulé à pic avec une double relégation assumée par les dirigeants.
Plus près de nous, RCM Basket retrouva la NF1 voici trois ans… et se retrouve aujourd’hui en situation de quitter un championnat national où le club a joué sans interruption depuis plus de trente ans.
La superbe allure de Barbara
Plus que toute autre, une fille a incarné la réussite de la séquence « champion de France-NF1 » : Barbara.
J’ai dit dans quelles conditions elle était partie. Cet épilogue en queue de poisson ne saurait cependant effacer tout ce qu’elle a apporté.
Barbara figure dans mon panthéon personnel des joueuses qui ont fait l’histoire du club.  
Après avoir connu des hauts et des bas – en se sauvant même une fois lors du tout dernier match gagné à Saint Chamond et en étant repêchée une autre fois - notre équipe avait retrouvé un certain allant qui lui avait permis de se qualifier deux fois pour les P.O. Elle avait « calé » à ce moment en dépit d’un groupe de base plus que fiable (Marylène, Pauline, Sarah, Wera, Marine).
Tout a changé avec l’arrivée de Barbara. Celle-ci avait en fait un niveau de jeu bien supérieur à la NF2 puisqu’elle sortait d’une saison de Ligue A avec le Cavigal. Pour venir chez nous, elle avait fait un « choix de vie » lui permettant de continuer à pratiquer son sport de prédilection sans les contraintes d’un statut pro.
Et elle n’a eu besoin que de cinq minutes pour faire la conquête du club ! Son apparition au gymnase Valgelata en tenue de ville le soir d’un match de P.O. fit l’effet d’un ouragan sur la gent masculine. Mon bon René qui, depuis quelques semaines, nous « bassinait » en affirmant « il est temps pour moi d’arrêter », fit instantanément évoluer son discours en « bon, puisque vous insistez, je vais essayer de faire encore au moins une saison ».
Tout au long de sa première saison, Barbara a fait « exploser » les stats jusqu’au couronnement de Tours. Elle a continué par la suite, encore en NF2 , ensuite en NF1 où, plus que toute autre, elle a incarné les valeurs de courage et de volonté de notre club.
Ce qui se passa par la suite fut, en quelque sorte, le revers de la médaille.
Pendant trois ans, Barbara avait été tellement au dessus du lot qu’elle pouvait tout se permettre, y compris de « sécher » bon nombre d’entraînements… au grand dam de Cyril ! Mais la joueuse était si performante qu’il était difficile d’exiger encore plus.
Ce genre de comportement ne pouvait pas passer auprès de quelqu’un d’aussi rigoureux que Babette, d’autant que Barbara ne dominait plus autant son sujet. Dès lors le conflit était inévitable…
Barbara est donc partie fâchée et c’est une chose qui m’a attristé même si je n’ai jamais regretté la décision prise par le Comité Directeur. Nous ne pouvions accepter d’être, en quelque sorte, pris en otage par une joueuse, aux dépens d’une équipe et d’un entraîneur. Aussi brillante soit-elle. Et Dieu sait que Barbara l’était !

6. Un petit tour en Alsace...

Une pub passant actuellement à la radio à propos du fameux « marché de Noël » de Strasbourg a éveillé des souvenirs remontant à la saison de NF1.
Nous devions aller jouer à Gespolsheim début décembre et les filles ont été immédiatement unanimes :  « il faut en profiter pour aller voir le marché de Noël de Strasbourg ».
Déjà,  trouver un hôtel à cette période de l’année n’a pas été simple. Il ne restait pas beaucoup de places, et pratiquement aucune dans les établissements « pas chers » (finances du club oblige !).
En définitive, j’en ai déniché un… en Allemagne. Dit comme ça on a l’impression d’être au bout du monde mais en fait il n’y avait que quelques dizaines de kilomètres à faire pour retrouver notre bonne vieille France.
Les vols directs Nice-Strasbourg étant également assez onéreux, on s’est rabattu sur une formule éco avec une compagnie britannique à la couleur orange prononcée si vous voyez ce que je veux dire. On a donc fait Nice-Bâle, là on a loué deux voitures et en route pour une bourgade allemande dont j’avais, je l'avoue, complètement oublié le nom retrouvé via Internet : Kappel-Grafenhausen.
L’Euro-Hôtel n’ayant pas de restaurant, nous avons déjeuné en face dans une sorte de cafeteria installée à proximité d’une station-service. Enfin, disons qu’on s’est « nourri »...
Courte sieste (les filles ne tenaient plus en place) et départ pour Strasbourg.
Nous avons passé pas loin de deux heures dans ce marché, en essayant de ne pas nous perdre les uns les autres car c’était le premier jour et il y avait foule ! Tellement que la chaleur humaine faisait office de chauffage car inutile de préciser que la température était plutôt fraîche.
A part un peu de nourriture, personne n’a acheté grand-chose. Mais c’est vrai que l’on en a pris « plein les yeux » avec les illuminations dans les rues et de la Cathédrale (ci-contre),  l’immense sapin, etc…
Bref, tout le monde est reparti le cœur joyeux pour se rendre à Gespolsheim… où nous avons pris plus de cent points. Mais franchement il n’y a pas de rapport de cause à effet entre nos pérégrinations au Marché et cette lourde défaite. En fait, dans un match placé sous le signe de l’offensive, nous avons marqué plus de 80 points, l’un de nos plus gros scores de la saison. Le problème, c’est que les Alsaciennes étaient « en feu ». Dans le premier quart-temps tout, mais absolument tout rentrait. Un véritable cauchemar. A la fin de la rencontre les filles étaient effondrées, les plus touchées étant sans doute Barbara et Elodie qui n’avaient jamais connu pareille débâcle.
Pour être honnête, une superbe collation d’après-match avec dégustation de vins d’Alsace, a permis à tout le monde de retrouver le sourire.
Vu que nous devions nous lever de très bonne heure le lendemain pour prendre l’avion, nous avons un peu écourté cette deuxième partie de soirée. Enfin, pas toutes les filles. Il faut dire que les basketteuses sont comme les marins qui ont des filles dans chaque port. Certaines ont des ami(e)s dans chaque ville où l’on se rend. La plus forte dans ce registre était Sarah. Il y avait quasiment toujours un groupe de gens avec une banderole « allez Sarah » ! Bref, certaines sont rentrées tard dans la nuit, d’autres très tard, une ou deux très, très tard… quasiment au moment de partir !
Nos tribulations n’étaient pas terminées pour autant. 
Sur la route, dans la nuit (à 7 heures il ne fait pas encore jour en Alsace…) nous avons raté la bonne bifurcation pour atteindre l’aéroport de Bâle. Il a donc fallu faire un grand crochet. Bref, nous sommes arrivés comme on dit « à la bourre ». Une partie du groupe s’est précipité à l’enregistrement, une autre est allée rendre les voitures. Le temps passait, passait et quand le second groupe est arrivé, il a fallu palabrer pour que l’on nous accepte. Une hôtesse pas courtoise du tout ne voulait pas nous laisser passer ! Heureusement un de ses collègues a eu pitié. Bref, tout le groupe a pu être reconstitué mais je pense qu’une joueuse n'aura pas grand souvenir de ces ultimes péripéties, cuvant une absorption (peut-être) excessive d’alcool durant une très longue nuit… On dira pudiquement qu’elle avait noyé dans la vodka le chagrin de la défaite !


7. Souvenirs de déplacements

Il n’y a pas eu que le déplacement de Geispolsheim effectué en avion. Nous avons pris le même mode de transport pour aller à Sainte Savine, à côté de Troyes. Cette fois nous sommes passés par Paris. Le match ayant été avancé à 18 heures, nous sommes revenus à Paris immédiatement après… mais pas pour dormir ! Dans les voitures les filles préparaient une sortie qui, pour certaines, s’est prolongée très tard dans la nuit… Bref, le lendemain, il y avait des paupières lourdes.  
Là encore, le retour n’a pas été simple. Barbara et Marine F. repartaient vers Marseille pour rejoindre l’équipe 2, l’une comme coach, l’autre comme joueuse. Elles ont atterri à… Hyères à la suite d’un « surbooking ». 
Les autres ont pris place à bord d’un avion qui est finalement parti avec plus de deux heures de retard. Au dernier moment il a fallu changer un pneu du train d’atterrissage. On s’est occupé comme on a pu, étant entendu qu’il n’y a pas grand-chose à faire dans un avion qui plus est bondé. Par contre, c’était le jour de Pâques et il a fallu décommander tous les rendez-vous de midi prévus de longue date.
Globalement, les  déplacements de l’équipe première ont rythmé ma présidence tout comme ils avaient rythmé auparavant celles de Hubert et Henri, mes deux prédécesseurs. Ils ont représenté pas mal d’heures de route en raison de notre situation géographique, à un bout de la France, alors que la plupart de nos adversaires se situaient vers le centre du Pays et même au-delà,  excepté la dernière saison de NF2 avec deux clubs de Monaco, Saint Laurent et Nice. Du coup ce sont les autres clubs qui n’étaient pas très contents !
D’une manière générale nous partions vers 9 heures et revenions entre 3 et 5 heures du matin le lendemain. Mais il nous est arrivé quelques fois d’arriver bien plus tard, 6H30/7 heures… ce qui faisait finalement le bonheur de mon épouse car je lui ramenais le pain frais et les croissants !
Une fois, nous sommes mêmes rentrés vers 10 heures… mais par ma faute. Le départ se faisant de Nice (où résidaient la plupart des filles), nous y étions allés avec le minibus du club. Le problème, c’est que j’ai oublié d’éteindre les lumières. Quand nous sommes revenus, la batterie était à plat et un Diesel ne démarre pas lorsqu’on le pousse, même en pente. Il a fallu appeler Manou – à l’époque dirigeante et aussi assureur du club – qui a alerté un service d’assistance. Evidemment, tout cela a pris pas mal de temps et nous avons attendu, stoïques dans le froid du petit matin. Heureusement il ne pleuvait pas.
Les plus lointains de ces déplacements ont été au dessus de Lyon (Bourg en Bresse, Chalon sur Saone) mais le pire du pire a été Beaumont, juste à côté de Clermont-Ferrand. Déjà on n’en voyait plus la fin à l’aller. Alors au retour !!! Passe encore quand tu avais gagné mais si en plus tu ramenais une défaite, c’était vraiment pas la joie. A Beaumont, d’ailleurs, nous avions perdu à la suite d’une décision arbitrale comme, malheureusement, on en subit souvent en déplacement.
A Voiron, une fois, nous avons failli ne pas repartir. La neige s’était invitée pendant le match. Plus exactement il y avait une légère pellicule à notre arrivée (permettant une rapide bagarre de boules entre les filles) et les chutes  se sont amplifiées pendant le match. Repartir n’a pas été simple du tout. On a même vu le moment où l’on devrait coucher sur place. Le chauffeur, lui, voulait rentrer… et il y est parvenu. L’épisode aura quand même fait une victime : un sanglier qui s’était jeté sur notre car.
Hormis ces déplacements longue distance qui étaient véritablement une corvée, j’ai pris beaucoup de plaisir à accompagner l’équipe. C’étaient des journées « hors du temps », presque 24 heures loin des soucis du quotidien, l’occasion aussi de se reposer et de se « vider la tête ».
Les premières années nous avions un car-couchettes. C’était très bien… mais très cher ! Nous l’avons rapidement supprimé. Du coup, comme nous n’étions pas nombreux (une quinzaine de personnes au grand maximum), nous pouvions dormir en occupant les deux parties d’une même rangée de part et d’autre du couloir central. Bon, ce n’était pas super-confortable mais, personnellement, j’ai toujours bien dormi, au moins quelques heures. Le seul à ne pas profiter de cette opportunité a été René qui préférait rester assis. Il y avait aussi les filles qui amenaient un sac de couchage et s’allongeaient dans le couloir central. Autant dire que circuler dans le car devenait difficile, sauf à progresser en hauteur de siège en siège, exercice requérant une certaine agilité!



8. Tours pour toujours


S’il y avait des endroits où je n’aimais pas aller, il y en a par contre beaucoup d’autres que j’appréciais en raison de l’accueil des dirigeants locaux.
La palme en ce domaine revient indéniablement à Laveyron. Pas grand monde en France connaissait probablement ce grand village d’un millier d’habitants qui a fait un parcours « à la Roquebrune » à une trentaine d’années d’intervalle, partant d’un niveau départemental pour se retrouver quelques années plus tard en Ligue Féminine ! Une ascension sans doute trop forte pour un club sans véritable assise locale qui a aujourd’hui disparu des radars. J’ai déjà eu l’occasion de le dire : le sport est trop dépendant de l’argent pour permettre longtemps des anomalies comme Laveyron… ou Roquebrune !
Les chemins de nos deux clubs se sont croisés quelques années en NF2 et, sportivement, ce ne fut pas la joie pour nous ! A chaque match nous sommes repartis avec une vingtaine de points dans les bagages. Je crois me souvenir que nous avions gagné une fois ou deux chez nous.
Laveyron, je l’ai dit, c’est un grand village de la vallée du Rhône qui a valu une belle controverse au sein du comité directeur entre René et moi. Lui affirmait qu’il était proche de Lyon, moi de Valence (ou l’inverse). Match nul : une équidistance parfaite !
Pour y aller, on quittait l’autoroute à Tain l’Hermitage, on prenait la RN7 sur une vingtaine de kilomètres, on tournait à droite et on arrivait dans un endroit… fort peu animé. Je me souviens d’un rond-point fleuri avec une décoration ciblée basket annonçant le match du soir. Mais au gymnase, quelle ambiance ! Car, bien entendu, c’était comble, au bas mot trois cents personnes encourageant à qui mieux mieux leur équipe. La malice de Laveyron, c’était d’avoir installé une « grosse caisse » pratiquement derrière le banc visiteur. Il était quasiment impossible de s’entendre aux temps morts, surtout avec un coach comme Babette dont l’organe vocal n’est pas le point fort. Même lorsqu’une nouvelle législation a imposé les locaux à gauche de la table officielle, Laveyron a obtenu une dérogation pour laisser les visiteurs à gauche… juste devant la fameuse « grosse caisse ».
Quoi qu’il en soit, la gentillesse des dirigeants… et la qualité du buffet d’après-match ont permis de largement compenser la frustration sportive !
Mais, évidemment, « le » déplacement que je n’oublierai jamais restera celui de Tours pour le Final Four achevé sur un titre de champion de France.
Si loin de Roquebrune, nous avions l’impression d’être une sorte de petit commando d’une dizaine de personnes en mission auprès de l’équipe et ses entraîneurs : les dirigeants (Pierrette, René, Antoine, Marco), « le » dirigeant d’honneur Denis, les parents de Pauline, de Marylène et de Barbara venus d'ici et là, et puis encore Andrea, le petit copain d’Elena, et les enfants de Cyril, Emilie et Jimmy qui, évidemment, avaient voyagé avec nous.
Je me souviens comme s’ils étaient survenus hier des heures qui ont précédé le match.
Après un petit échauffement et le repas, nous avions regagné notre hôtel pour la sieste. J’ai été incapable de la faire… et je n’ai pas été le seul !
Fred, même s’il affichait un grand optimisme de façade, était certainement aussi inquiet que les autres. La preuve ? Entre 13 et 14 heures il est resté sur la terrasse de l’hôtel. Et il n’a même pas évoqué la possibilité de jouer aux cartes. Ce qui, au demeurant, lui a probablement valu d’éviter une humiliation… mais c’est une autre histoire !
Même René qui, en raison de son (très) grand âge, a vu beaucoup de choses au cours de sa longue existence, était tendu à l’extrême, pâle au point de nous inquiéter. Et Pierrette, visage fermé, ne valait guère mieux… Denis et Antoine avaient trouvé la parade pour évacuer la pression : dormir dans la voiture. Quant à Marco, il avait laissé son enthousiasme habituel dans le minibus, (presque) aussi silencieux qu’Andrea…
Pour tout dire, avec le recul, il n’y a pas vraiment eu de match tant nous avons été supérieurs.
Cette rencontre, je l’ai suivie (et relatée sur le live) loin du banc, installé seul devant mon ordinateur. Et malgré le temps qui passait, malgré l’écart qui grandissait, je ne parvenais pas à croire que l’on allait gagner. Il m’a vraiment fallu attendre les deux-trois dernières minutes pour me libérer un peu. A la sirène, j’ai passé plusieurs minutes au téléphone tandis que débutait la fête sur le terrain avec plein d’images fortes comme celle de Barbara, juchée sur les épaules de Fred pour découper le filet de l’un des paniers.
Puis, dans le vestiaire, le champagne a coulé et Cyril dont on connaît pourtant l’art habituel de la parole, avait du mal à articuler.
Bref, des moments intenses, inoubliables… J’y repense souvent avec toujours la même émotion.
 

9. Cyril

Le titre de champion de France, le troisième de l’histoire du club, a été obtenu avec à la tête de l’équipe celui qui aura sans aucun doute été le personnage le plus controversé de RCM Basket, Cyril.
Je ne pouvais probablement pas lui offrir plus beau cadeau que lui confier la direction de notre équipe première… même si cette décision, approuvée par le Comité Directeur, a suscité un certain nombre de remarques négatives. Il y a des gens « clivants ». Cyril en fait partie… et il ne fait rien pour que cela change même si, au fil des ans, il a su considérablement évoluer vis-à-vis des joueuses.
Se séparer de lui n’a pas été simple car c’est assurément un « personnage » qui avait parfois le don de me mettre hors de moi (doux euphémisme !) mais qui, en même temps, est diablement attachant… ce qui explique qu’il soit resté si longtemps en poste !
Cyril a  au moins trois qualités basiques : il a la passion du basket, il a la passion de son équipe, il a la passion de RCM Basket qui était (et reste probablement au fond de lui-même) « son » club. Plusieurs fois on l’a vu coacher « en dépannage » des équipes de jeunes avec le même enthousiasme que la Nationale 2. Simplement pour rendre service.
Au début, j’ai eu un peu de mal, je l’avoue, à me faire à ses hurlements sur le banc et aux avoinées infligées à certaines joueuses, à commencer par Heidi, son épouse. J’avais beau savoir que c’était la tendance de nombreux coaches, c’était parfois difficile à supporter.
Inversement, il arrivait que, fâché de l’attitude de l’équipe, il se mît sur une chaise et ne prononçât plus un seul mot pendant un long moment, boudant manifestement.
Au fil des ans, Cyril est parvenu à se canaliser, à faire passer ses messages avec plus de diplomatie et sans forcément hausser le ton. Lui qui ne supportait pas la moindre approximation de ses joueuses, lui qui « dégoupillait » au premier coup de sifflet discutable, lui qui visitait quasiment chaque jour son ORL pour soigner ses cordes vocales, devint au fil du temps d’une sérénité qui aurait fait passer Lao Tseu pour un agité chronique.
J’ai adoré les « debriefings » du lundi où il donnait la pleine mesure de son talent.
Ce n’était plus Cyril mais le Louis de Funes chef d’orchestre de la Grande Vadrouille.
Au lendemain d’une victoire il commençait par une gerbe de compliments et félicitations mais, au fil des mots, celle-ci se muait en une meule de reproches. La mauvaise foi poussée à ce stade, c’était du grand art !
Jusqu’à ce que l’on appellera le « miracle de Carqueiranne ». Au terme d’un match il est vrai remporté de superbe façon, les joueuses eurent la stupéfaction de l’entendre leur faire des compliments. Et manifestement des vrais. Le Cyril nouveau était arrivé !
Comme tout coach, Cyril avait ses conceptions. Le reproche essentiel que nous lui avons fait – et qui a conduit à son éviction décidée par la grande majorité des dirigeants (mais ni Pierrette, ni René) – a été de ne pas donner leur chance aux jeunes du club alors que nous disposions, en NF2, d’une ossature exceptionnelle qui aurait dû permettre d’intégrer tout doucement nos espoirs. Nous avions choisi son successeur pour appliquer cette politique mais il n’a pas fait mieux dans ce registre. Je reconnais qu’en NF1 il pouvait difficilement agir autrement.
Il n’en demeure pas moins vrai que j’ai toujours salué sa fine connaissance du basket  et il l’a encore prouvé lors de la finale du championnat de France. Le match s’annonçait difficile face à une équipe de La Garnache qui nous avait posé tant de problèmes lors des deux matches de play-off et personne n’aurait pu prévoir pareille démonstration. Dans ce jeu d’échecs que peut être le basket, Cyril a gagné avec la complicité de son fidèle Fred, tous deux ayant su tirer les enseignements des deux matches précédents pour adopter la meilleure façon de venir à bout de l’adversaire et faire partager leur vision des choses aux joueuses.
Cyril aura eu l’intelligence d’être assez pragmatique pour s’accommoder autant qu’il lui était possible de la présence… envahissante d’une Barbara dépositaire du jeu. Il est bien certain que la cohabitation avait des limites… qui ont fini par être atteintes.
En fait, il y avait deux Cyril, celui « du terrain », le coach jamais satisfait dont le visage évoquait généralement un pitbull atrabilaire privé de sa ration de croquettes. Et puis le Cyril « de tous les jours » qui parvenait à baisser un peu la garde s’il se sentait en confiance. Je pense qu’il l’a été avec moi. Au moins de temps à autre.
Mon vrai regret sera de lui avoir ôté par deux fois la possibilité de coacher en NF1, la première lorsque nous avions refusé l’accession, la seconde en le remerciant.
Il se sera quand même consolé avec le titre de champion de France.

10. Une incroyable érosion

RCM Basket, plus exactement la section Basket de l’ASRCM (devenue autonome en 1998 sous son nom actuel), a bâti sa légende sur de jeunes joueuses originaires de Roquebrune et des environs.
De 1971à 1984, soit en treize ans (les superstitieux y verront un signe), le club est ainsi passé du plus bas niveau départemental… poussines à l’élite senior nationale ! Incroyable mais vrai.
En 1971, lorsque Robert Furgeri, l’homme par qui tout a commencé, créa la section, celle-ci ne reposait  que sur une quinzaine de jeunes filles âgées de moins de douze ans, poussines et benjamines, Sylvie et Yannick Quero, Valérie Boggetti, Corinne Fasiolo, Cathy Duperey, Sylvie et Corinne Bensaïd, Aline Aqualeni, ainsi que Mlles Lottier, Zyskowski, Ramoino, Le Bayon, M. Acqualeni et une certaine… Pierrette Manas !
Six ans plus tard, Roquebrune disputait pour la première fois un championnat senior, au plus bas niveau (Honneur départemental) avec une équipe essentiellement composées de cadettes où l’on retrouvait trois des poussines de 1971, Sylvie Quero, Cathy Duperey, Corinne Fasiolo. 
Désormais dirigée par Paul Berio - qui avait succédé à Robert Furgeri devenu président - l’équipe roquebrunoise allait régulièrement grimper un échelon chaque saison atteignant un championnat national, la NF3, au terme d’une éblouissante saison 80/81: 21 matches, 21 victoires et une différence de points de +872, un record dans le genre.
L’année suivante Roquebrune ratait l’accession à la Nationale 2 pour... deux points dans un match de barrage. Ce n’était que partie remise.
Au printemps 1983, le club roquebrunois était champion de France de Nationale 3 et accédait donc à la Nationale 2. Rebelote la saison suivante: titre de champion de France de NF2 et accession à la Nationale 1.
A partir de ce moment, l’histoire ne fut plus tout à fait la même.
Les joueuses « du cru » s’effacèrent progressivement faute de renouveau. Il était difficile, dans un si petit club, de mener de front une politique de haut niveau et une politique de formation. Plusieurs fois, des équipes cadettes de qualité purent laisser penser qu’une relève se préparait. Il n’en fut (presque) rien.
Pendant des années, le club roquebrunois a dû sa survie à des filles de l’extérieur. Lors des déplacements, il n’était pas rare que le car partît avec une ou deux joueuses seulement à bord. Les autres étaient pour la plupart à Nice. Le plus souvent, elles avaient été laissées sur le carreau par le Cavigal et son équipe « pro » et s’offraient ainsi une nouvelle carrière… pour notre plus grand bonheur car elles étaient d’un niveau élevé, largement suffisant pour une NF2 où nous sommes restés une bonne quinzaine d’années.
Dans ce laps de temps, quelques Roquebrunoises « de souche » sont parvenues à intégrer l’équipe première. Mais à la notable exception d’Heidi, aucune n’est parvenue à réellement s’installer dans le « cinq majeur ».  
Il faut dire aussi que les mentalités ont bien changé. Dans les précédentes générations, la plupart des filles avaient, comme on dit, « le basket chevillé au corps ».  Ce n’est plus le cas. Le basket est une activité parmi d’autres à laquelle on s’adonne un temps et que l’on délaisse ensuite pour de multiples raisons.
Et puis RCM Basket est d’une certaine façon victime de son environnement idyllique. Le basket est une des activités proposées à la jeunesse parmi une kyrielle d’autres  telles que danse, équitation, football parfois, musique, etc…
Cette situation est d’autant plus pénalisante que, à l’inverse, dans certaines communes du centre de la France (mais pas que) qui furent (ou sont) nos adversaires, le choix proposé est simple : basket… ou basket.
Paradoxalement, RCM Basket n’a jamais eu autant de membres que ces dernières années. Malheureusement l’érosion est incroyable. Sur 65 jeunes filles recensées des U11 aux U17 lors de la saison 2011/12, il n’en reste plus que 12 cette année ! Moins d’une sur cinq ! En cinq ans…
Dans ce contexte, croire que la formation pourra permettre à un club de retrouver son lustre d’antan est une douce utopie… sauf à retrouver une génération aussi exceptionnelle que celle des années 70 qui avait été à l’origine de la fabuleuse ascension du club. Mais ça…


11. Le recrutement "extérieur"
Toutes ces dernières années, RCM Basket était parvenu à maintenir un certain standing grâce à l’apport de filles venant de l’extérieur. Pour éviter le piège de la surenchère financière qui a eu raison de tant de clubs, il a fallu recruter « malin » et en sachant raison garder. Toujours.
A ce propos, la participation à l’aventure récente de la NF1 d’une ancienne internationale française a fait jaser. Et continue de le faire ! Que s’est-il donc passé ?
Durant l’intersaison, nous avions décidé de recruter Marija, une joueuse serbe de qualité. Alors qu’elle était arrivée, installée et avait même disputé le premier match amical, nous apprenions qu’il était quasiment impossible de la faire signer… parce qu’elle était « extra-communautaire ». Je porte la responsabilité de cette erreur coupable et, à vrai dire, je ne m’étais même pas posé la question. Pour moi, la Serbie appartenait à la Communauté Européenne de la même façon que la Croatie ou la Slovénie, deux autres pays issus de l’ex-Yougoslavie. Eh bien non ! Mais il y a mieux : une joueuse serbe peut sans problème être licenciée en Italie. Or cette jeune fille nous avait été proposée par un agent italien qui ignorait que les règles de qualification étaient différentes en France.  Et vive la FFBB, vive l’Europe…
Elodie: une seule saison mais quelle saison!
Toujours est-il que Marija ne pouvant signer, il fallait absolument lui trouver une remplaçante. On ne pouvait raisonnablement envisager de faire une saison de NF1 à sept. Je pense même que nous ne l’aurions pas terminée, surtout avec le renoncement en cours de saison de Sarah pour des raisons professionnelles.
Finalement, Elodie signa chez nous (très tardivement, fin novembre) pour trois raisons :
- parce que l’entraîneur et les joueuses ne voulaient qu’elle en dépit de toutes les incertitudes liées à un imbroglio juridique avec son ancien club
 - parce que nous avons été le seul club à attendre qu’elle soit sortie de cet imbroglio
- parce que ce fut à nos conditions qui étaient certes un peu plus élevées qu’à l’ordinaire mais que nous savions pouvoir assumer.
Sachant qu’Elodie n’est pas venue « en plus » dans l’effectif (ce qui aurait en effet été financièrement catastrophique) mais « à la place » de Marija,  non seulement elle n’a pas hypothéqué les finances du club, mais en plus elle a largement contribué à faire revivre au gymnase Valgelata les grandes heures d’antan car c’est (encore) une magnifique joueuse qui fait aujourd’hui le bonheur d’un club de Ligue A. Et, sportivement, la saison en NF1 restera l’une des plus belles vécues durant ma présidence en dehors, évidemment, de la saison 2012-13 et du titre de NF2.
 * * *
Si le recrutement « extérieur » a majoritairement été ciblé sur un périmètre géographique rapproché, Roquebrune s’est aussi tourné vers d’autres régions de France (j’en reparlerai) et aussi vers l’étranger.
Les années 80 ont correspondu, avec l’accession à la NF1, à une « colonisation » américaine… qui perdure d’ailleurs toujours dans l’ensemble du basket français professionnel. C’est bien simple : on ne parle plus français sur les bancs mais anglais.
Sandra Murray (au premier plan) et l'équipe roquebrunoise en NF1
La première des Américaines restera pour moi la plus brillante. Si brillante même que le club s’en sépara sous le prétexte qu’elle faisait de l’ombre à ses partenaires. No comment.
Sandra n’était pas seulement une magnifique joueuse. C’était aussi une formidable animatrice qui avait su donner un extraordinaire allant à l’école de basket. Bien des choses auraient sans doute pu être différentes si elle avait pu poursuivre le travail entrepris auprès de la jeunesse.
Plusieurs de ses compatriotes se sont ensuite succédé à Roquebrune. Certaines ont justifié les espoirs placées en elles, d’autres… un peu moins jusqu’aux deux dernières qui ont marqué la fin d’une époque.
L’une n’a même jamais enfilé le maillot roquebrunois. J’avais multiplié les contacts écrits avec elle qui semblait très heureuse de tenter l’aventure. Elle est arrivée début septembre par une magnifique journée qui rendait la Côte d’Azur encore plus belle. Nous l’avions installée chez une autre joueuse, Marylin, afin qu’elle ne fût pas trop esseulée dans son nouvel environnement. Elle n’a pratiquement jamais quitté l’appartement et, deux jours plus tard, manifestait son désir de rentrer aux Etats-Unis ! Elle n’a même pas voulu découvrir ses partenaires lors d’un entraînement. Un véritable mur. Nous l’avons ramenée, René et moi, à l’aéroport de Nice et René a même eu pitié d’elle en lui donnant la pièce de 10 francs nécessaire pour prendre un chariot. J’étais tellement en colère que je n’aurais pas fait ce geste ! Nous n’avons jamais eu la moindre explication sur ce comportement incompréhensible.
L’autre était déjà bien connue dans notre région car elle jouait pour un autre club de NF2. Ce devait être une « valeur sûre ». En fait, elle n’a été que l’ombre de la brillante joueuse que nous connaissions comme adversaire. L’histoire a tourné court après quelques mois et elle a définitivement quitté le club et la France. De ce jour, je me suis juré de ne plus engager d’Américaine !


12. Heureusement, Lucie...





 Lucie et Adou lors de la saison 2008/09...

... et la saison suivante, toujours côte à côte... mais en sens inverse!











Après les épisodes américains, il y eut l’histoire des deux Yougoslaves (le pays existait encore) présentées comme des internationales. En fait, l’une était moyenne, pas supérieure en tout cas à nos joueuses françaises évoluant au même poste, l’autre carrément quelconque. On devait apprendre bien plus tard qu’il y avait eu supercherie. Elles avaient effectivement été sélectionnées mais dans un groupe élargi à quelque 60 joueuses… et elles étaient plutôt vers la fin que le début de la liste !

La conséquence fut terrible : aucun match gagné, vous avez bien lu, aucun dans la saison ! 22 matches, 22 défaites. Inutile de préciser que René et moi ne savions plus quoi écrire même si René avait vécu une expérience presque similaire avec les basketteurs mentonnais quelques années plus tôt, 22 matches, 21 défaites… et un match nul (qui existait encore).

Globalement d’ailleurs, la « politique étrangère » de RCM Basket n’a jamais été une grande réussite. Le dernier épisode en date a été celui de Marija, une joueuse serbe de qualité,  dont j’ai déjà parlé.

Avant Marija, il y avait eu cette joueuse d’un pays de l’Est dont le passage à Roquebrune m’a laissé un goût amer. Très amer. Elle subit malheureusement très rapidement une grave blessure dont la conséquence fut qu’elle se retrouva dans une situation financière très délicate malgré le travail que nous lui avions trouvé. Lorsqu’elle vint nous (les dirigeants) voir, pleurant dans le bureau, aucun d’entre nous n’hésita une seconde à lui consentir des prêts qui devaient être amortis dans le temps lorsqu’elle aurait recouvré tous ses moyens physiques.

En fin de saison et avant de lui signer un nouveau contrat, il lui fut demandé de se soumettre à quelques tests physiques. Elle refusa avec indignation et s’en alla finalement dans un autre club où elle ne joua quasiment jamais, preuve que nos doutes étaient plus que fondés.

Bien entendu elle n’a jamais remboursé l’argent que nous lui avions prêté… Mais ce qui a été le plus intolérable a été de la voir au gymnase Valgelata bruyamment encourager nos adversaires.

Il y a eu toutefois – et heureusement - les « exceptions » slovaques.

Les deux premières furent Lucie Gallo et Adriana Menoury arrivées à un an d’intervalle à Roquebrune sous leur nom de « jeunes filles », Opralova.
Sportivement, elles ont beaucoup apporté à notre équipe avec cette rigueur indispensable si l’on veut prétendre à un certain niveau. Humainement elles ont été (et sont toujours d’ailleurs) des exemples.

Lucie, en dehors de son talent, c’est un sourire permanent qui ne s’est pratiquement jamais effacé depuis qu’elle est chez nous… même lorsqu’elle se prenait de terribles avoinées (souvent injustes) de la part de son coach qui attendait toujours plus d’elle.

Au cours de la saison 2008/09, Lucie a marqué 216 points et, surtout, a eu la meilleure évaluation moyenne de l’équipe avec trois « pointes » à 29, 26 et 24.

Elle a été contrainte de mettre un terme anticipé à sa carrière en raison d’une nouvelle loi sur les étrangères qui m’a valu une vive controverse avec le président de la FFBB himself . J'en reparlerai.
Lucie n’est pas restée inactive pour autant puisqu’elle a mis au monde deux enfants… avant de nous revenir toujours aussi souriante et participer à la galère de l’équipe 2 en NF3. Elle a aussi été accablée par la malchance avec une grave blessure qui l’a éloignée quasiment définitivement des parquets. 

13. Adou et Wera 

Adou a été moins « persécutée » par le coach. Il est vrai qu’il suffit de très peu pour qu’elle prenne la mouche et que l’on y réfléchit deux fois (et même trois) avant de lui faire une remarque, fut-ce une boutade !

Cela dit, sportivement, son apport a été particulièrement important avec près de 500 points en deux saisons et quelques performances de haute volée lors de la saison 2010/11 : des évaluations de 34, 32, 30, 28 et deux fois 26 ! 
Elle figure ainsi deux fois dans le Top 10 des meilleures intérieures aux côtés des "monstres" que furent Jezabel et Agnès notamment.
Toute Adou dans cette image...
Une douleur récurrente à un genou l'a poussée à stopper prématurément sa carrière mais nous sommes quand même nombreux à penser que la douleur se trouvait - aussi - dans un coin du cerveau. Dommage car elle avait toutes les qualités pour passer un cap supplémentaire vers les sommets de son basket.
A défaut, elle transmet aujourd’hui son savoir à nos jeunes générations. Et nous fait un joli cadeau.





Wera, la Slovaque volante







On a retrouvé les mêmes qualités de rigueur chez Veronika (dite Wera) qui a fait partie de l’équipe sacrée championne de France. Son intégration a été facilitée par l’affection que lui a portée son professeur de français, un certain René qui, en la circonstance, a renoué avec son passé puisqu’il avait été professeur avant de se consacrer au journalisme.
René s’est consacré à cette mission avec un remarquable enthousiasme. Aurait-il eu le même avec une jeune fille un peu moins jolie et pétillante ? La question est posée...
En fait, il a lui-même apporté la réponse sous la forme d’un conte humoristique écrit à la manière de Pagnol que j’avais publié, en son temps, sur ce blog. En voici quelques (savoureux) extraits.
Je venais de mourir suite à quelque excès (le tabac, sans doute…) et je me présentai à la grande porte du Paradis où trônait Saint-Pierre, installé derrière un immense bureau encombré de dossiers, caressant sa longue barbe blanche de sa main droite, tandis que sa main gauche faisait tinter un immense et impressionnant trousseau de clés.
« Bonjour, ô grand Saint-Pierre ! », dis-je en m’inclinant profondément devant lui.
« Oui, quoi, qu’est-ce que c’est, qu’est qu’y a, qu’est-ce que tu veux ? », aboya-t-il d’une voix qui me fit irrésistiblement penser à celle de notre coach bien-aimé quand ses joueuses ne respectent pas ses consignes, c’est-à- dire 99% du temps.
« Et bien voila, ô grand Saint-Pierre. Je suis René Doumène, bientôt trois-quarts de siècle, domicilié rue Antoine-Péglion à Menton. Je demande humblement à rejoindre la félicité éternelle, vu que j’ai eu une vie toute de modestie, de pudeur, de respect des autres… »
« C’est cela, oui », m’interrompit-il, avec un sourire que j’eusse volontiers qualifié de satanique si nous n’avions pas été aux portes du Paradis. « Vous dites tous ça quand vous arrivez, et puis, quand on gratte un peu, ce n’est que stupre et qu’ignominie. Allez, vas-y, dis-moi un peu ce que tu as fait pendant ta vie ? »
« Pendant 35 ans, j’ai été journaliste, je me suis dévoué corps et âme pour bien informer mes concitoyens ».  Saint-Pierre éclata de rire : « Ah oui ? Tu as propagé des nouvelles sans les vérifier, tu as exacerbé les sentiments malsains de tes lecteurs en leur donnant les détails les plus horribles sur les faits-divers les plus sordides. Autre chose ? »
Je commençai à frémir à l’idée que Satan m’attendait en bas. Je tentai une dernière fois ma chance. « Ah oui, ô grand Saint-Pierre, sachez que mon amour de la langue française m’a poussé à donner chaque jour, tôt le matin (et vous savez ce que cela me coute !) et bénévolement, des leçons de français à une étrangère ».
Saint Pierre : « L’amour de la langue française, tu parles ! Tu as oublié de me dire que la dite étrangère est un véritable canon, que tu sors des cours les yeux exorbités (c’est le cas de le dire !), les mains moites, la lubricité au cœur. Tu devrais avoir honte, oui ! »
La tête basse, je m’apprêtai à prendre le chemin des ténèbres infernales. Et puis, je me dis qu’il me fallait lutter jusqu’au bout.
« Grand Saint-Pierre, j’avais oublié. Je suis aussi dirigeant de RCM-Basket, et tous les lundis soirs j’assiste à la réunion sous la présidence lymphatique de Lucien. Il y a là des hommes bruyants et indisciplinés, des femmes bavardes et caqueteuses, je pourrais citer Pierrette, Valérie, Patricia… »
« N’en dis pas plus ! », s’exclama Saint-Pierre, qui se leva, me tendit les bras, je voyais des larmes briller dans ses yeux. « Entre au Paradis, mon pauvre René. L’Enfer, tu l’as vécu sur Terre ! ».

Cet Enfer, mon bon René le côtoya encore plus lorsque Wera nous quitta pour Marseille où, en marge du basket, elle trouva un travail dans l'infrastructure du célèbre feuilleton télévisé "Plus belle la vie"!
Après un crochet par Annemasse, elle nous est revenue en début d'année, trop tard pour jouer (dommage, avec elle on aurait peut-être évité la relégation en NF3) mais en qualité d'entraîneur. Et, cette saison, elle est un élément majeur de notre équipe première tout en continuant à entraîner.


14. La Filière Italienne

Après les Américaines et les joueuses des pays de l'Est, nous avons tenté, ces dernières années, de créer une filière italienne. L'entrée au comité directeur de Marco a été déterminante dans cette option car il avait été lui-même président d'un club et avait donc un véritable "réseau".
Il faut savoir que le basket féminin est quasiment "sinistré" en Ligurie avec peu de clubs et donc l'obligation, pour les équipes, de faire de très longs déplacements. En définitive, venir à Roquebrune peut être plus simple. Relativement.
Marco a pris cette mission "à bras le corps" avec le soutien efficace d'Agostino également italien. 
En fait, l'idée de départ a été de constituer une équipe U17 capable de jouer en championnat de France. Il faut savoir que c'était la seconde fois seulement dans l'histoire du club que se présentait pareille opportunité en dehors du parcours accompli, bien des années auparavant, par les cadettes roquebrunoises en Coupe de France.
Nous avions une ossature solide brillante en Ligue mais elle était insuffisante pour aborder l'échelon supérieur. La chose devenait par contre possible avec l'apport de joueuses italiennes de qualité. 
L'équipe des U17 France entrée dans l'histoire du club
De fait, cette équipe allait nous apporter bien des satisfactions, n'étant éliminée qu'en quarts de finale par Annecy au terme d'un match disputé dans un gymnase comble rempli de jeunes supporteurs venus encourager leurs copines de lycée. Une ambiance folle que, malheureusement, on n’a plus connue depuis des années avec l’équipe première, sinon lors de quelques matches de NF1. Il devient de plus en plus difficile de mobiliser les foules le samedi soir !
Marco paya largement de sa personne en assurant les transports des joueuses, quasiment six jours sur sept entre entraînements et matches!
Grâce soit aussi rendue à Jean-Michel, coach principal - que nous avons souvent supplié en vain de prendre l’équipe première tant il a de compétence et de charisme - assisté de Corinne et Paolo.
Nous espérions amener à moyen terme quelques filles en équipe première.
Il fallut déchanter dès l’année suivante où une partie du groupe se retrouva en NF3 avec l’équipe senior 2. Ce fut un long calvaire sans aucun match gagné (sinon un sur tapis vert !). Il faut dire que rien ne fut épargné à cette équipe qui perdit notamment un match d’un point sur un tir adverse au buzzer pratiquement du milieu du terrain. Nous avions tenté un coup de poker en changeant d’entraîneur à mi-saison, remplaçant Paolo par Barbara. En vain. Les conséquences de cette saison ont été graves car il en résulta une sorte de démobilisation et, trois ans plus tard, il ne reste plus qu’une fille du contingent « italien ». Dommage.
* * *
Si la filière italienne s’est tarie, elle n’a pas complètement disparu avec notamment Beatrice, arrivée à l'intersaison, Clara et Betta parmi les joueuses et bien entendu Simone à qui l'on a confié la responsabilité de l'équipe première et de la supervision de la formation.
Je persiste à penser qu’elle peut être une chance pour notre club. 
Le principal problème a été celui des distances. La plupart des cadettes qui avaient rejoint le club étaient à plus de trois quarts d’heure de route avec ce que cela sous-entend en frais d’essence et d’autoroute. Une était même à plus d’une heure, l’équivalent de Roquebrune-Fréjus ! 
Si l’on parvenait un jour à tisser des liens avec des communes aux alentours immédiats de Vintimille, la question pourrait être envisagée sous un angle beaucoup plus favorable. Car, côté France, notre situation géographique est très pénalisante, surtout avec deux clubs à Monaco !
De toute manière, à l’image de ce qui se passe avec la population aussi bien à Menton qu’à Roquebrune, la connexion franco-italienne est devenue incontournable. Elle est même souhaitable car nos amis transalpins ont une culture sportive bien supérieure à la notre.

15. Marco et Agostino
Agostino et Marco ont été, je l’ai dit, les deux rouages majeurs de l’épopée des U17 en championnat de France.
J’ai connu Marco bien des années avant qu’il n’intègre notre comité directeur. C’était alors en qualité de… Papa d’une Federica très prometteuse qui a malheureusement rapidement cessé de jouer au basket pour double cause de blessure et d’études (ce qui faisait effectivement beaucoup !). Elle est aujourd’hui une « designer » dont on reparlera certainement dans son domaine d’activités.
Ayant quitté le club qu’il présidait, Marco s’est tout naturellement rapproché de RCM Basket et sa formidable énergie en même temps que sa connaissance très « pointue » du basket ne pouvait nous laisser indifférents ! Il a donc rapidement rejoint le comité directeur et a su en très peu de temps se rendre indispensable. Bon, c’est vrai, Marco c’est comme le lait sur le feu : il faut toujours le surveiller ! Il met en effet tant d’enthousiasme dans ses actions que, parfois, il se laisse emporter… A partir du moment où l’on a trouvé le bon « mode d’emploi », la présence d’un tel dirigeant est  une richesse pour un club car, malheureusement,  il est de plus en plus rare de trouver des gens capables de tant s’investir simplement par passion. Une passion qu’il mettait dans tous ses actes au point de se blesser assez sérieusement en chutant lors d’une de nos fêtes de Noël où il incarnait Marcocelix, l’Obelix de RCM Basket, dans une parodie de la célèbre BD.
Agostino façon Disco lors d'une de nos Fêtes
Marco a donné une « touche » italienne au club en étant notamment à l’origine de plusieurs « pasta parties » lors de nos manifestations. Je me souviens d’ailleurs très bien de la première. Il nous avait préparé des pâtes « al dente »…. à l’italienne, c'est-à-dire immangeables pour des Français ! Par la suite, j’ai exigé de goûter avant de servir.

Agostino est très différent, physiquement, mentalement. Mais lui aussi a su mettre une énergie folle dans sa mission de dirigeant. Ce n’est pas par hasard que nous lui avions confié le rôle d’Asterix qualifié par son créateur de « petit guerrier à l’esprit malin et intelligence vive ». Avec une touche de jésuitisme façon Mazarin (qui était transalpin comme chacun sait).
Nous avons partagé la dernière année de ma présidence et il n’y a jamais eu le moindre désaccord entre nous deux, même lorsqu’il s’est agi de prendre des décisions graves.
 Il avait largement les qualités (et la volonté) de prendre ma succession. Malheureusement ses activités professionnelles le contraignirent à renoncer comme avait renoncé, pour les mêmes raisons, Henri auquel j’avais succédé. Gérer un club relativement important (par le niveau de compétition atteint) nécessite une disponibilité qu’un « actif » ne peut pas toujours avoir, sachant que ce club n’a pas un employé rémunéré.  D’où, bien souvent, des retraités ou des personnes sans emploi aux postes-clés que sont la présidence et le secrétariat. Dommage.
Nous avons partagé beaucoup de bons moments ensemble mais le plus inoubliable restera assurément cette soirée vécue à Vintimille.
Tout a commencé au gymnase lorsque fut prise la décision d’organiser un repas à l’intention des cadettes pour les féliciter de leur beau parcours. Agostino se proposa de faire la réservation dans un restaurant qu’il connaissait bien.

Au jour et à l’heure dite, un groupe de vingt personnes se présenta donc au restaurant.

Agostino s’avance vers la réception en indiquant « j’ai fait une réservation hier soir pour 20 personnes. Nous voici ».

Tête de son interlocuteur qui jette un regard désespéré sur une salle plus que bondée et ne peut que répondre : « vous êtes bien sur d’avoir réservé ? »

Agostino, sur un ton (légèrement) excédé : « parfaitement. C’était hier vers 19 heures et j’ai parlé à Oswaldo ».

« Heu, Monsieur, ce n’est pas pour vous contredire ou vous manquer de respect, mais il n’y a pas d’Oswaldo dans notre établissement… »

« C’est une plaisanterie ? » demande Agostino.

« Pas du tout monsieur. Je vous dis simplement qu’il n’y a pas d’Oswaldo dans notre établissement ».

« Mais ce n’est pas possible ! Attendez un instant… »

Agostino ressort, empoigne derechef son téléphone, consulte nerveusement l’historique des appels, retrouve le numéro appelé la veille et le rappelle aussitôt.

Et qui répond ? Oswaldo ! Himself.

« Vous avez fait quoi de ma réservation ? On vient de me dire qu’il n’y a plus de place… »

Oswaldo : « Mais pas du tout. On vous attend. Vous êtes où ? »

« Ben, devant la porte »

« Impossible, je ne vous vois pas »

« Mais ce n’est pas possible, un groupe de vingt ça se remarque ! Vous êtes bien les deux Palmiers à Vintimille ? »

- « Ah non, pas du tout. Ici c’est « chez Oswaldo » à Cagliari en Sardaigne »…

Eh oui, dans sa précipitation la veille, Agostino avait confondu les deux restaurants qui se suivaient dans sa liste de contacts…

Nous avons finalement tous pu manger aux Deux Palmiers après une petite attente mais, bien évidemment, les sarcasmes ont plu sur Agostino. Longtemps.

Comme Henri en d’autres temps, Agostino avait les larmes aux yeux lorsqu’il a rendu publique sa décision de renoncer à la présidence. Des larmes de tristesse et de frustration. C’est la vie… et c’est parfois très dur. En ce qui me concerne, j'ai été heureux de travailler avec lui et je ne peux lui dire qu'une chose: "Merci pour ces moments"... comme dirait une certaine personne!


16. Hommage à Jean-Pierre

Au fil de ces souvenirs, les noms de plusieurs dirigeants ont déjà été évoqués. Mais pas celui du plus emblématique d’entre tous, Jean-Pierre Fasiolo.

Jean-Pierre et Paul Berio...
Jean-Pierre et Jacky Valgelata entourant 
Jean Peregrini, maire de Roquebrune
















Jean-Pierre formait avec Paul Berio - entraîneur de l’équipe première durant plusieurs années  -  et Jacky Valgelata un irrésistible trio qui a su amplifier le mouvement initié par Roger Furgeri dans les années 70.
Les soirs de matches, il y avait deux spectacles au gymnase : celui du match et celui de nos trois lascars juchés sur la mezzanine qui savaient mettre une « pression » de fou sur les arbitres et éventuellement les joueuses adverses. Il faut dire qu’avec un physique de rugbyman et des voix de stentor, ils avaient les qualités nécessaires. Avec en plus, bien entendu, une absolue mauvaise foi ! Comme ce soir où, dans les derniers instants d’un match, ils saluèrent une faute sifflée à une joueuse parisienne d’un retentissant « eh bien c’est pas malheureux, elle fait ça depuis le début ». A cette petite nuance près que ladite joueuse venait tout juste de faire son apparition sur le terrain…
Jean-Pierre avait aussi l’habitude de se placer à proximité de la caméra filmant le match, caméra dotée d’un micro. Ce qui permettait, au visionnage, d’écouter ses commentaires dont un jour un « oh non, pas elle ! » marquant sa désapprobation du choix de l’entraîneur de faire rentrer une joueuse.
Lorsque je suis arrivé au Comité Directeur fin 1998, Jean Pierre Fasiolo était encore là et il m’a accompagné (et encouragé) durant quelques années encore avant de s’éloigner tout doucement du gymnase en raison d’une longue maladie qui le taraudait.
Les deux dernières années, on ne le voyait plus guère que pour les matches joués par les Cadettes France puis par l’équipe de Nationale 3. Mais c’était surtout en qualité de grand-père fier de venir encourager ses deux petites filles Charlotte et Marion Loaso.
C’était en quelque sorte un retour aux sources pour quelqu’un qui avait été, dans sa jeunesse, un excellent footballeur portant avec fierté le maillot de l’AS Roquebrune-Cap-Martin, et qui était venu au basket comme beaucoup d’autres papas : afin d’accompagner sa fille Corinne qui fit partie de la toute première équipe roquebrunoise poussine en 1971 !
Il ne savait pas, à cette époque, qu’il débutait une « aventure » qui allait durer plus de trente ans et faire de lui l’emblème du basket roquebrunois. Et un personnage incontournable du basket azuréen.
Tandis que Corinne s’illustrait sur les parquets, lui travaillait en coulisses avec autant d’opiniâtreté que d’efficacité. S’il occupa lui-même le poste de président, il fut surtout un « homme de l’ombre » oeuvrant aussi bien auprès de ses prédécesseurs (Olivier Marfaing, Robert Furgeri) que de ses successeurs. Tous respectèrent son expérience et sa parfaite connaissance du basket. Il était un « dirigeant » mais il savait, au premier coup d’œil, déceler un talent naissant. Et c’était probablement sa plus grande force.
Conteur infatigable, il aimait évoquer les mille anecdotes – parfois croustillantes ! – qui émaillèrent les trois décennies de son engagement total auprès du club. Il le faisait avec une truculence basée sur une voix rocailleuse (le tabac…) et parfois un inimitable zozotement à nul autre pareil.


17. Le combat perdu de Patrick H.


Au cours de ma présidence, j’ai vu disparaître un autre dirigeant.
Patrick H. n’est pas resté assez longtemps pour pouvoir être comparé à un « monument » comme Jean-Pierre mais il est parvenu en très peu de temps à laisser une empreinte indélébile.
Pour tout dire, on se doutait bien qu’il ne gagnerait pas son combat contre la maladie. Mais sa volonté était telle qu’on le pensait capable de repousser longtemps l’échéance.
En fait, plus qu’un combat « pour sa vie », c’était un combat pour la vie de Clara, sa fille qu’il entendait accompagner le plus longtemps possible en sachant bien, déjà, que l’heure de partir sonnerait plut tôt qu’à l’ordinaire.
Patrick H. (à droite) et Patrick T entourant Isabelle lors de la victoire des Poussines








Comme Jean-Pierre, il était venu au basket pour accompagner Clara et s’était immédiatement investi à nos côtés sans même que l’on eut besoin de lui demander quoi que ce soit. Au demeurant, il voulait toujours en faire plus. Lorsque nous le lui reprochions eu égard à son physique qui se dégradait, il se contentait de sourire... et n’en continuait pas moins avec une indomptable énergie. 

Son complice, l'autre Patrick (T.), prenait de grosses colères en apprenant qu'il était allé à l'hôpital à Monaco en moto et en était revenu de même après avoir subi un lourd traitement. Sans aucun doute était-ce sa façon d'exprimer sa volonté de faire comme si...
Lors des réunions du comité directeur je le voyais dans son coin, presque plié en deux en raison de la douleur, silencieux le plus souvent mais le regard vif et intervenant avec vigueur lorsqu’il le fallait.
J’ai souvent longuement parlé avec Patrick, de sa vie, de son passé, de son présent et d’un avenir incertain.
Une phrase, un jour, m’avait terriblement marqué parce que, dans sa bouche, elle prenait une résonance particulière. Il était question d’un nouveau traitement et il m’avait dit : « si là ça ne marche pas, je suis dans la m… ». Le tour de la question était fait.
Nous l’avons vu s’éteindre peu à peu avec, pourtant, toujours, dans les yeux, la flamme du combattant qui refuse de rendre les armes.
Je pense que l’une de ses dernières grandes joies a été la journée passée au Palais des Sports de Cannes où les Poussines – avec Clara – avaient remporté le titre de championnes de Ligue. Ce jour là, il avait tout oublié de ses tourments, de la douleur, de la maladie, rivé à son camescope pour filmer l’exploit de l’équipe et de Clara.
Sur la fin, Patrick ne venait plus aux réunions. C’était malheureusement un signe. Le comble, est qu’il s’en excusait !
Un samedi après-midi, il avait fait un passage aux abords du gymnase au volant de sa nouvelle voiture, flambant neuve, le menton habillé d'un petit bouc mousquetaire, tentant de sourire. 
Tous ceux qui étaient venus le saluer ce jour là, l’embrasser, avaient pourtant compris...Nous ne l'avons plus revu vivant. Adieu l'ami.


18. La petite maison dans la prairie...

J’ai placé mes mandats successifs sous le signe de la convivialité et d’un aspect familial, deux notions que j’ai toujours jugées essentielles dans le développement de RCM Basket. Certaines personnes bien intentionnées
me l’ont d’ailleurs reproché, estimant que je délaissais l’aspect sportif… Le titre de Nationale 2 et aussi les performances de nos équipes de jeunes (voir ci-dessous) auront été ma meilleure réponse. Et celle de l’ensemble des dirigeants car, bien évidemment, notre réussite aura été collective.
Ces notions ont fini par s’étioler au fil des années mais n’ont pas disparu. J’en veux pour preuve l’exceptionnelle mobilisation de l’an dernier lors du Final Four orchestré de main de maîtresse par Pierrette.
Ce fut, en quelque sorte, un retour dans le temps.
La même mobilisation avait en effet eu lieu, quelques années auparavant, pour remettre en état une maison et deux appartements situés dans une villa.
L’arrivée à Roquebrune de joueuses venant de diverses régions de France posait en effet un gros problème de logement en raison de la cherté des loyers dans notre région.
Pendant deux-trois ans, nous avons pu contourner la difficulté en louant à la Ville des maisons abandonnées situées sur des terrains expropriés et attendant d’être détruites. Le bail pouvait donc être rompu à tout moment. Ce fut d’ailleurs le cas lorsque les terrains furent vendus par la Ville pour la construction d’une Maison de Retraite. C’était du « gagnant-gagnant » dans la mesure où nous faisions des économies et où la Ville percevait un peu d’argent de notre part.
Dans ces occasions, les dirigeants se mobilisèrent pour remettre – sommairement – en état ces maisons et les rendre habitables à défaut d’être très confortables. Quand j’écris « dirigeants » je devrais plutôt dire « dirigeants… et leurs familles » car Denis et Gigi (époux de Pierrette et Valérie), notamment, ainsi que Gillou, furent un renfort plus que précieux à notre petite équipe dont Jo était, dans ce registre, l’incontestable leader.  
Un mot sur Jo (photo ci-contre) au passage. Son départ - certainement à regret - pour des raisons personnelles a été, à mes yeux, et tout comme celui de René, l’une des plus grosses pertes du comité directeur. 
Il nous apportait sa parfaite connaissance du basket  - sport qu’il pratiquait encore avec nos Loisirs -, il était capable d’être dirigeant, joueur, entraîneur et coach à l’occasion et son avis était toujours aussi sensé que pondéré. Il avait enfin un sens inné de la « formule » comme ce jour où, à propos d’une personne de (très) petite taille venue se plaindre avec une certaine virulence, Il lâcha dans un demi-sourire cette phrase « X. est monté sur son grand poney ».
Nous avons ainsi travaillé sur une maison et deux appartements. J’ai toujours un souvenir ému de la première à laquelle on aurait pu donner l’appellation de « petite maison dans la prairie ». Malgré son état, malgré sa petitesse, elle avait un charme fou et, pour tout dire, je pense tous les jours à elle car elle était située à l’emplacement d’un parking où je vais faire jouer mon chien ! Il reste les murs de clôture et un minuscule morceau de jardin.
Bien des années après, je reste profondément admiratif devant le travail accompli. Toute l’électricité avait été refaite par les hommes tandis que les femmes et principalement Pierrette, Valérie, Isabelle s'attelaient au nettoyage et à la peinture. Nous avions aussi amené quelques meubles récupérés ici et là. 
Bien entendu j’ai participé à cette œuvre collective mais dans un rôle très (très) subalterne et limité, ma principale compétence se situant plutôt du côté du barbecue pour les repas de midi ou du soir. Ah si, je me souviens aussi avoir participé à l’isolation d’un toit en épandant du goudron. Adieu les baskets que je portais ce jour là !


RCM BASKET : LE BILAN DES EQUIPES DE JEUNES DEPUIS 2004

Saison 2004/05. Champion départemental Poussine et Cadettes
Saison 2005/2006. Poussines victorieuses de la Coupe du Comité, vice-championnes départementales
Saison 2006/07. Poussines vice-championnes départementales
Saison 2007/08. Cadettes vice-championnes de Ligue et vice-championnes départementales.
Saison 2009/10. Benjamines championnes de Ligue et troisièmes de Provence.
Saison 2011/12. Poussines championnes de Ligue et championnes départementales, Minimes vice-championnes de Ligue.
Saison 2012/13. Cadettes vice-championnes de Ligue, Poussines vice-championnes départementales, 4èmes de Ligue.
Saison 2013/14. Pour la première fois depuis quatorze ans, une équipe de RCM Basket dispute le championnat de France Cadettes (1/4 de finale).
Equipe 2 Cadettes Vice-championne de Ligue
Saison 2014/15. Cadettes vice-championnes de Ligue
Saison 2015/16. Minimes A championnes départementales Excellence, Cadettes B Championnes départementales Pré-Excellence.
 

5 commentaires:

  1. BRAVO LUCIEN CELA NE RAJEUNIT PAS J ai retrouve la photo de l equipe 1990 A CAP TONUS AVEC UN ARTICLE DE RENE DOUMENE

    A BIENTOT JACK/ANNICK

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  2. Enfin tu es de retour... tes écrits me manquaient !!! Bises.

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  3. C'est super de coucher sur le "papier " tes mémoires mon Lulu.
    J'ai toujours apprécié ton phrasé.
    J'attends avec impatience la suite!!
    Bisou

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  4. La vieille personne18 novembre 2016 à 04:19

    Ouh là là, que de souvenirs... et ça ne fait que commencer !!! Et cette photo!! On était jeunes et beaux

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  5. Merci de ton article élogieux... Une petite précision quand même : Christian n'est pas mon compagnon dans la vie mais il est mon meilleur ami depuis plus de 50 ans.

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