CYRIL
Le titre de champion de France, le troisième de l’histoire du club, a été obtenu avec à la tête de l’équipe celui qui aura sans aucun doute été le personnage le plus controversé de RCM Basket, Cyril.
Je ne
pouvais probablement pas lui offrir plus beau cadeau que lui confier la
direction de notre équipe première… même si cette décision, approuvée par le
Comité Directeur, a suscité un certain nombre de remarques négatives. Il y a
des gens « clivants ». Cyril en fait partie… et il ne fait rien pour
que cela change même si, au fil des ans, il a su considérablement évoluer vis-à-vis
des joueuses.
Se séparer
de lui n’a pas été simple car c’est assurément un « personnage » qui
avait parfois le don de me mettre hors de moi (doux euphémisme !) mais
qui, en même temps, est diablement attachant… ce qui explique qu’il soit resté
si longtemps en poste !
Cyril a au moins trois qualités basiques : il a la
passion du basket, il a la passion de son équipe, il a la passion de RCM Basket
qui était (et reste probablement au fond de lui-même) « son » club.
Plusieurs fois on l’a vu coacher « en dépannage » des équipes de
jeunes avec le même enthousiasme que la Nationale 2. Simplement pour rendre
service.
Au
début, j’ai eu un peu de mal, je l’avoue, à me faire à ses hurlements sur le
banc et aux avoinées infligées à certaines joueuses, à commencer par Heidi, son
épouse. J’avais beau savoir que c’était la tendance de nombreux coaches,
c’était parfois difficile à supporter.
Inversement,
il arrivait que, fâché de l’attitude de l’équipe, il se mît sur une chaise et
ne prononçât plus un seul mot pendant un long moment, boudant manifestement.
Au
fil des ans, Cyril est parvenu à se canaliser, à faire passer ses messages avec
plus de diplomatie et sans forcément hausser le ton. Lui qui ne supportait pas
la moindre approximation de ses joueuses, lui qui « dégoupillait » au
premier coup de sifflet discutable, lui qui visitait quasiment chaque jour son
ORL pour soigner ses cordes vocales, devint au fil du temps d’une sérénité qui aurait
fait passer Lao Tseu pour un agité chronique.
J’ai
adoré les « debriefings » du lundi où il donnait la pleine mesure de
son talent.
Ce n’était
plus Cyril mais le Louis de Funes chef d’orchestre de la Grande Vadrouille.
Au
lendemain d’une victoire il commençait par une gerbe de compliments et
félicitations mais, au fil des mots, celle-ci se muait en une meule de
reproches. La mauvaise foi poussée à ce stade, c’était du grand art !
Jusqu’à
ce que l’on appellera le « miracle de Carqueiranne ». Au terme d’un
match il est vrai remporté de superbe façon, les joueuses eurent la
stupéfaction de l’entendre leur faire des compliments. Et manifestement des
vrais. Le Cyril nouveau était arrivé !
Comme
tout coach, Cyril avait ses conceptions. Le reproche essentiel que nous
lui avons fait – et qui a conduit à son éviction décidée par la grande majorité
des dirigeants (mais ni Pierrette, ni René) – a été de ne pas donner leur
chance aux jeunes du club alors que nous disposions, en NF2, d’une ossature
exceptionnelle qui aurait dû permettre d’intégrer tout doucement nos espoirs. Nous
avions choisi son successeur pour appliquer cette politique mais il n’a pas
fait mieux dans ce registre. Je reconnais qu’en NF1 il pouvait difficilement
agir autrement.
Il n’en
demeure pas moins vrai que j’ai toujours salué sa fine connaissance du
basket et il l’a encore prouvé lors de
la finale du championnat de France. Le match s’annonçait difficile face à une
équipe de La Garnache qui nous avait posé tant de problèmes lors des deux
matches de play-off et personne n’aurait pu prévoir pareille démonstration. Dans
ce jeu d’échecs que peut être le basket, Cyril a gagné avec la complicité de
son fidèle Fred, tous deux ayant su tirer les enseignements des deux matches
précédents pour adopter la meilleure façon de venir à bout de l’adversaire et
faire partager leur vision des choses aux joueuses.
Cyril
aura eu l’intelligence d’être assez pragmatique pour s’accommoder autant qu’il
lui était possible de la présence… envahissante d’une Barbara dépositaire du
jeu. Il est bien certain que la cohabitation avait des limites… qui ont fini
par être atteintes.
En
fait, il y avait deux Cyril, celui « du terrain », le coach jamais
satisfait dont le visage évoquait généralement un pitbull atrabilaire privé de
sa ration de croquettes. Et puis le Cyril « de tous les jours » qui
parvenait à baisser un peu la garde s’il se sentait en confiance. Je pense qu’il
l’a été avec moi. Au moins de temps à autre.
Mon
vrai regret sera de lui avoir ôté par deux fois la possibilité de coacher en
NF1, la première lorsque nous avions refusé l’accession, la seconde en le
remerciant.
Il se
sera quand même consolé avec le titre de champion de France.
Une incroyable érosion
RCM Basket, plus exactement la section Basket de l’ASRCM
(devenue autonome en 1998 sous son nom actuel), a bâti sa légende sur de jeunes
joueuses originaires de Roquebrune et des environs.
De 1971à 1984, soit en treize ans (les superstitieux y
verront un signe), le club est ainsi passé du plus bas niveau départemental…
poussines à l’élite senior nationale ! Incroyable mais vrai.
En 1971, lorsque Robert Furgeri, l’homme par qui tout a
commencé, créa la section, celle-ci ne reposait que sur une quinzaine de jeunes filles âgées
de moins de douze ans, poussines et benjamines, Sylvie et Yannick Quero,
Valérie Boggetti, Corinne Fasiolo, Cathy Duperey, Sylvie et Corinne Bensaïd,
Aline Aqualeni, ainsi que Mlles Lottier, Zyskowski, Ramoino, Le Bayon, M. Acqualeni
et une certaine… Pierrette Manas !
Six ans plus tard, Roquebrune disputait pour la première
fois un championnat senior, au plus bas niveau (Honneur départemental) avec une
équipe essentiellement composées de cadettes où l’on retrouvait trois des
poussines de 1971, Sylvie Quero, Cathy Duperey, Corinne Fasiolo.
Désormais dirigée par Paul Berio - qui avait succédé à Robert
Furgeri devenu président - l’équipe roquebrunoise
allait régulièrement grimper un échelon chaque saison atteignant un championnat
national, la NF3, au terme d’une éblouissante saison 80/81: 21 matches, 21
victoires et une différence de points de +872, un record dans le genre.
L’année suivante Roquebrune ratait l’accession à la
Nationale 2 pour... deux points dans un match de barrage. Ce n’était que partie
remise.
Au printemps 1983, le club roquebrunois était champion de
France de Nationale 3 et accédait donc à la Nationale 2. Rebelote la
saison suivante: titre de champion de France de NF2 et accession à la
Nationale 1.
A partir de ce moment, l’histoire ne fut plus tout à fait la
même.
Les joueuses « du cru » s’effacèrent
progressivement faute de renouveau. Il
était difficile, dans un si petit club, de mener de front une politique de haut
niveau et une politique de formation. Plusieurs fois, des équipes cadettes de
qualité purent laisser penser qu’une relève se préparait. Il n’en fut (presque) rien.
Pendant des années, le club roquebrunois a dû sa survie à
des filles de l’extérieur. Lors des déplacements, il n’était pas rare que le
car partît avec une ou deux joueuses seulement à bord. Les autres étaient pour
la plupart à Nice. Le plus souvent, elles avaient été laissées sur le carreau
par le Cavigal et son équipe « pro » et s’offraient ainsi une
nouvelle carrière… pour notre plus grand bonheur car elles étaient d’un niveau élevé,
largement suffisant pour une NF2 où nous sommes restés une bonne quinzaine
d’années.
Dans ce laps de temps, quelques Roquebrunoises « de
souche » sont parvenues à intégrer l’équipe première. Mais à la notable
exception d’Heidi, aucune n’est parvenue à réellement s’installer dans le « cinq
majeur ».
Il faut dire aussi que les mentalités ont bien changé. Dans
les précédentes générations, la plupart des filles avaient, comme on dit, « le
basket chevillé au corps ». Ce
n’est plus le cas. Le basket est une activité parmi d’autres à laquelle on
s’adonne un temps et que l’on délaisse ensuite pour de multiples raisons.
Et puis RCM Basket est d’une certaine façon victime de son
environnement idyllique. Le basket est une des activités proposées à la
jeunesse parmi une kyrielle d’autres
telles que danse, équitation, football parfois, musique, etc…
Cette situation est d’autant plus pénalisante que, à
l’inverse, dans certaines communes du centre de la France (mais pas que) qui
furent (ou sont) nos adversaires, le choix proposé est simple : basket… ou
basket.
Paradoxalement, RCM Basket n’a jamais eu autant de membres
que ces dernières années. Malheureusement l’érosion est incroyable. Sur 65
jeunes filles recensées des U11 aux U17 lors de la saison 2011/12, il n’en
reste plus que 12 cette année ! Moins d’une sur cinq ! En cinq ans…
Dans ce contexte, croire que la formation pourra permettre à
un club de retrouver son lustre d’antan est une douce utopie… sauf à retrouver
une génération aussi exceptionnelle que celle des années 70 qui avait été à
l’origine de la fabuleuse ascension du club. Mais ça…
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