Le recrutement "extérieur"
Toutes ces dernières années, RCM Basket était parvenu à
maintenir un certain standing grâce à l’apport de filles venant de l’extérieur.
Pour éviter le piège de la surenchère financière qui a eu raison de tant de
clubs, il a fallu recruter « malin » et en sachant raison garder.
Toujours.
A ce propos, la participation à l’aventure récente de la NF1
d’une ancienne internationale française a fait jaser. Et continue de le
faire ! Que s’est-il donc passé ?
Durant l’intersaison, nous avions décidé de recruter Marija,
une joueuse serbe de qualité. Alors qu’elle était arrivée, installée et avait
même disputé le premier match amical, nous apprenions qu’il était quasiment impossible de
la faire signer… parce qu’elle était « extra-communautaire ». Je
porte la responsabilité de cette erreur coupable et, à vrai dire, je ne m’étais
même pas posé la question. Pour moi, la Serbie appartenait à la Communauté
Européenne de la même façon que la Croatie ou la Slovénie, deux autres pays
issus de l’ex-Yougoslavie. Eh bien non ! Mais il y a mieux : une
joueuse serbe peut sans problème être licenciée en Italie. Or cette jeune fille
nous avait été proposée par un agent italien qui ignorait que les règles de
qualification étaient différentes en France.
Et vive la FFBB, vive l’Europe…
Elodie: une seule saison mais quelle saison! |
Toujours est-il que Marija ne pouvant signer, il fallait
absolument lui trouver une remplaçante. On ne pouvait
raisonnablement envisager de faire une saison de NF1 à sept. Je pense même que
nous ne l’aurions pas terminée, surtout avec le renoncement en cours de saison
de Sarah pour des raisons professionnelles.
Finalement, Elodie signa chez nous (très tardivement, fin
novembre) pour trois raisons :
- parce que l’entraîneur et les joueuses ne voulaient
qu’elle en dépit de toutes les incertitudes liées à un imbroglio juridique avec
son ancien club
- parce que nous
avons été le seul club à attendre qu’elle soit sortie de cet imbroglio
- parce que ce fut à nos conditions qui étaient certes un
peu plus élevées qu’à l’ordinaire mais que nous savions pouvoir assumer.
Sachant qu’Elodie n’est pas venue « en
plus » dans l’effectif (ce qui aurait en effet été financièrement
catastrophique) mais « à la place » de Marija, non seulement elle n’a pas hypothéqué les
finances du club, mais en plus elle a largement contribué à faire revivre au
gymnase Valgelata les grandes heures d’antan car c’est (encore) une magnifique
joueuse qui fait aujourd’hui le bonheur d’un club de Ligue A. Et, sportivement,
la saison en NF1 restera l’une des plus belles vécues durant ma présidence en
dehors, évidemment, de la saison 2012-13 et du titre de NF2.
* * *
Si le recrutement « extérieur » a majoritairement été
ciblé sur un périmètre géographique rapproché, Roquebrune s’est aussi tourné vers d’autres
régions de France (j’en reparlerai) et aussi vers l’étranger.
Les années 80 ont correspondu, avec l’accession à la NF1, à
une « colonisation » américaine… qui perdure d’ailleurs toujours dans
l’ensemble du basket français professionnel. C’est bien simple : on ne
parle plus français sur les bancs mais anglais.
Sandra Murray (au premier plan) et l'équipe roquebrunoise en NF1 |
La première des Américaines restera pour moi la plus
brillante. Si brillante même que le club s’en sépara sous le prétexte qu’elle
faisait de l’ombre à ses partenaires. No comment.
Sandra n’était pas seulement une magnifique joueuse. C’était
aussi une formidable animatrice qui avait su donner un extraordinaire allant à l’école
de basket. Bien des choses auraient sans doute pu être différentes si elle
avait pu poursuivre le travail entrepris auprès de la jeunesse.
Plusieurs de ses compatriotes se sont ensuite succédé à
Roquebrune. Certaines ont justifié les espoirs placées en elles, d’autres… un
peu moins jusqu’aux deux dernières qui ont marqué la fin d’une époque.
L’une n’a même jamais enfilé le maillot roquebrunois.
J’avais multiplié les contacts écrits avec elle qui semblait très heureuse de
tenter l’aventure. Elle est arrivée début septembre par une magnifique journée
qui rendait la Côte d’Azur encore plus belle. Nous l’avions installée chez une
autre joueuse, Marylin, afin qu’elle ne fût pas trop esseulée dans son nouvel
environnement. Elle n’a pratiquement jamais quitté l’appartement et, deux jours
plus tard, manifestait son désir de rentrer aux Etats-Unis ! Elle n’a même
pas voulu découvrir ses partenaires lors d’un entraînement. Un véritable mur.
Nous l’avons ramenée, René et moi, à l’aéroport de Nice et René a même eu pitié
d’elle en lui donnant la pièce de 10 francs nécessaire pour prendre un chariot.
J’étais tellement en colère que je n’aurais pas fait ce geste ! Nous
n’avons jamais eu la moindre explication sur ce comportement incompréhensible.
L’autre était déjà bien connue dans notre région car elle
jouait pour un autre club de NF2. Ce devait être une « valeur sûre ».
En fait, elle n’a été que l’ombre de la brillante joueuse que nous connaissions
comme adversaire. L’histoire a tourné court après quelques mois et elle a
définitivement quitté le club et la France. De ce jour, je me suis juré de ne
plus engager d’Américaine !
Heureusement, Lucie...
Après les épisodes américains, il y eut l’histoire des deux Yougoslaves (le pays existait encore) présentées comme des internationales. En fait, l’une était moyenne, pas supérieure en tout cas à nos joueuses françaises évoluant au même poste, l’autre carrément quelconque. On devait apprendre bien plus tard qu’il y avait eu supercherie. Elles avaient effectivement été sélectionnées mais dans un groupe élargi à quelque 60 joueuses… et elles étaient plutôt vers la fin que le début de la liste !
Heureusement, Lucie...
Lucie et Adou lors de la saison 2008/09...
... et la saison suivante, toujours côte à côte... mais en sens inverse!
Après les épisodes américains, il y eut l’histoire des deux Yougoslaves (le pays existait encore) présentées comme des internationales. En fait, l’une était moyenne, pas supérieure en tout cas à nos joueuses françaises évoluant au même poste, l’autre carrément quelconque. On devait apprendre bien plus tard qu’il y avait eu supercherie. Elles avaient effectivement été sélectionnées mais dans un groupe élargi à quelque 60 joueuses… et elles étaient plutôt vers la fin que le début de la liste !
La conséquence fut terrible : aucun match gagné, vous
avez bien lu, aucun dans la saison ! 22 matches, 22 défaites. Inutile de
préciser que René et moi ne savions plus quoi écrire même si René avait vécu
une expérience presque similaire avec les basketteurs mentonnais quelques
années plus tôt, 22 matches, 21 défaites… et un match nul (qui existait
encore).
Globalement
d’ailleurs, la « politique étrangère » de RCM Basket n’a jamais été
une grande réussite. Le dernier épisode en date a été celui de Marija, une
joueuse serbe de qualité, dont j’ai déjà
parlé.
Avant Marija, il y avait eu cette joueuse d’un pays de l’Est
dont le passage à Roquebrune m’a laissé un goût amer. Très amer. Elle subit
malheureusement très rapidement une grave blessure dont la conséquence fut qu’elle
se retrouva dans une situation financière très délicate malgré le travail que
nous lui avions trouvé. Lorsqu’elle vint nous (les dirigeants) voir, pleurant
dans le bureau, aucun d’entre nous n’hésita une seconde à lui consentir des
prêts qui devaient être amortis dans le temps lorsqu’elle aurait recouvré tous
ses moyens physiques.
En fin de saison et avant de lui signer un nouveau contrat,
il lui fut demandé de se soumettre à quelques tests physiques. Elle refusa avec
indignation et s’en alla finalement dans un autre club où elle ne joua
quasiment jamais, preuve que nos doutes étaient plus que fondés.
Bien entendu elle n’a jamais remboursé l’argent que nous lui
avions prêté… Mais ce qui a été le plus intolérable a été de la voir au gymnase
Valgelata bruyamment encourager nos adversaires.
Il y a eu toutefois – et heureusement - les
« exceptions » slovaques.
Les deux premières furent Lucie Gallo et Adriana Menoury
arrivées à un an d’intervalle à Roquebrune sous leur nom de « jeunes
filles », Opralova.
Sportivement, elles ont beaucoup apporté à notre équipe avec
cette rigueur indispensable si l’on veut prétendre à un certain niveau.
Humainement elles ont été (et sont toujours d’ailleurs) des exemples.
Lucie, en dehors de son talent, c’est un sourire permanent
qui ne s’est pratiquement jamais effacé depuis qu’elle est chez nous… même
lorsqu’elle se prenait de terribles avoinées (souvent injustes) de la part de
son coach qui attendait toujours plus d’elle.
Au cours de la saison 2008/09, Lucie a marqué 216 points et, surtout, a eu
la meilleure évaluation moyenne de l’équipe avec trois « pointes » à 29,
26 et 24.
Elle a été contrainte de mettre un terme anticipé à sa
carrière en raison d’une nouvelle loi sur les étrangères qui m’a valu une vive
controverse avec le président de la FFBB himself . J'en reparlerai.
Lucie n’est pas restée inactive pour autant puisqu’elle a
mis au monde deux enfants… avant de nous revenir toujours aussi souriante et
participer à la galère de l’équipe 2 en NF3. Elle a aussi été accablée par la
malchance avec une grave blessure qui l’a éloignée quasiment définitivement des
parquets.
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