Politiquement correct... et (surtout) incorrect

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lundi 9 juillet 2012

Lettre à Boogie


Tu me manques. Tu es mon manque.
Parviendrai-je un jour à éliminer de ma mémoire les dernières images que je garde de toi dans un cabinet vétérinaire de Menton ?
Avais-tu un pressentiment ?
Toi qui étais habituellement plutôt agité dans la salle d’attente étais ce jour là étrangement calme avec des yeux interrogatifs qui me fixaient. Comme d’habitude deux personnes assises à côté de moi t’ont cajolé.
Est venu mon tour d’entrer dans une salle dont tu n’allais plus ressortir.
Pendant toute la durée de l’entretien tu es resté sagement assis sous ma chaise.
Et puis je t’ai soulevé et de mes bras tu es passé dans ceux du vétérinaire qui t’a emmené vers ton destin.
Quelques minutes plus tard une voix derrière moi m’a annoncé simplement « c’est fait ».
L’enfer commençait.
C’était le 3 mai. Nous sommes le 9 juillet. Plus de deux mois se sont écoulés. Deux mois au cours desquels il y a eu des rires, des moments de bonheur, des moments de tristesse, des moments de colère… la vie, quoi.
Mais dès que le cycle des jours se met en pause, ton image ressurgit.
Pourquoi s’attache-t-on tant à un animal ? Peut-être parce que, à l’inverse des humains, il ne trompe jamais l’amour qu’on lui porte.
Lorsque je rentrais à la maison par le garage et que j’ouvrais la porte de communication avec la maison, tu étais invariablement sur la troisième marche, tout frétillant, à m’attendre.
Lorsque, sur le coup de midi, ta maitresse tardait à rentrer, tu te postais en haut de l’escalier, semblant tendre l’oreille.
Les images de toi me reviennent en boucle.
Tu étais mon Boogie et je t’ai trahi. Qu’importe les raisons, aussi bonnes aient-elles été…
Plus encore, peut-être, que ton absence, c’est cette trahison qui me hante.
Je ne sais si tu fais la loi au paradis des toutous comme tu te plaisais à tenter de la faire chez nous. Mais je te fais confiance pour essayer !
Le jardin qui était ton domaine et où se trouvent peut-être encore quelques une des cendres qui y ont été répandues par ta maîtresse est aujourd’hui désespérément vide.
Un seul être vous manque… Tu n’étais pas un être au sens où le poète l’entendait.
Tu n’étais qu’un chien.
Certaines personnes ne pourront comprendre. Il y a certainement des choses bien plus graves dans la vie que la mort d’un chien !
Et pourtant…
Alors, juste pour toi, aujourd’hui, ces quelques paroles d’une chanson qui était en quelque sorte « ta » chanson
« Dieu je reste seul dans ta maison
J'en ai l'air, mais le dire, à quoi bon ?
Si ton pape m'a fait perdre l'affaire
J'irai tout droit, tout droit en enfer
Mais j'essaierai encore à la messe de midi
Le sermon du boogie woogie »
(chanson interprétée par  Eddy Mitchell)

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