Une phrase d’un article paru sur le site Eurosport ce jour m’a
interpellé :
« Au regard de ses statistiques, pour quelles raisons
Guy Novès se priverait-il du meilleur franchisseur (18) du Top 14 dimanche face
à l’Ecosse ? Ah oui, il faut lui laisser du temps. Selon le bon vieux précepte
français, il faut attendre, attendre, encore attendre LE bon moment. Mais
lequel ? Celui où il ne marquera plus d’essais ? »
Pour les non initiés « rugby », Guy Noves est l’entraîneur
de l’équipe de France à XV et l’article fait référence à un certain Gabriel
Lacroix qui joue à La Rochelle. Ce joueur ne figurait pas dans le premier
groupe de sélectionnés et a été appelé en début de semaine en raison de
plusieurs forfaits.
A 23 ans, il est l’une des grandes révélations du
championnat français. Insuffisant cependant pour séduire un sélectionneur qui
ne l’avait pas retenu dans le groupe initial et qui ne l’a appelé en début de
semaine qu’en raison de plusieurs forfaits.
On en revient inéluctablement au problème de base de la « mentalité
française » évoquée dans cet article, à savoir ne pas précipiter les
choses et, en quelque sorte, laisser du temps au temps. Le raisonnement peut se
justifier. Il est malheureusement devenu un « credo » dont les effets
à long terme sont de décourager les talents en devenir.
J’ai commencé à aborder dans mes souvenirs de basket (« c’est
l’histoire d’un mec… ») la liste impressionnante des joueuses
roquebrunoises qui ont fini par quitter le club lassées d’un total manque de confiance en leurs capacités. J’ai
parlé de Marine et de Laetitia mais il y en a d’autres. Je les évoquerai
ultérieurement.
J’ai déjà eu l’occasion de dire qu’il était utopique de
penser pouvoir bâtir une équipe compétitive à un niveau de NF3 (et a fortiori
au dessus) avec seulement des filles issues d’un club aussi petit que RCM
Basket. C’est arrivé une fois, l’exception qui confirme la règle. Mais l'exemple de 2013 est là pour prouver que des Roquebrunoises "de souche" peuvent fort bien figurer dans un groupe capable d'aller chercher un titre de champion de France. A condition de leur donner leur chance! Et en les faisant travailler pour combler leurs lacunes.
Il est possible qu'une joueuse considérée comme un "espoir" atteigne rapidement, comme on dit,
son « niveau d’incompétence », c'est-à-dire qu’elle ne puisse pas
passer un cap. Mais comment le savoir vraiment si on ne lui accorde que des
miettes de temps de jeu ? Oui, je sais, les entraîneurs sont plus
compétents que moi pour en juger. Et d'ailleurs ils auront immédiatement une foule de raisons pour justifier leur position. Possible. J’aurais pourtant aimé que la chose
me soit démontrée clairement. J’ai le souvenir d’un match de NF2 voici quelques
années où la plupart des titulaires étaient en tenue de ville sur le banc,
victimes de blessures plus ou moins réelles (…). Le coach avait dû faire appel
à des joueuses dont personne n’aurait imaginé qu’elles puissent disputer un
jour une rencontre de ce niveau. Toutes avaient su donner le meilleur d’elles-mêmes
et Roquebrune avait gagné. La preuve que rien n’est jamais définitif. Il ne
nous reste pas beaucoup de jeunes joueuses susceptibles d’intégrer l’équipe
première. Faisons au moins en sorte de
ne pas les dégoûter à leur tour !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire